L’acquisition de 18 hectares au centre émetteur par les chinois et qui incluent l’école nationale des postes et télécommunications, a fait des mécontents chez les populations. Professeurs, élèves de l’ENPT ainsi que citoyens de kaporo se sont exprimés au micro de Bah Sékou, sur la vente de ce vaste domaine par l’état guinéen.
Construite en 1970, l’école nationale des postes et télécommunications, ENPT de
Kipé a formé plus de 5O mille cadres guinéens. Aujourd’hui, elle est menacée de disparition. Le gouvernement guinéen a vendu ce domaine aux chinois. La délocalisation dans un espace réduit ne suscite aucun espoir chez les professeurs qui y voient une mort lente.
Un professeur de cette école qui a requis l’anonymat dit ne pas être du tout content de la vente de ce domaine. Depuis plus de dix ans, il vit avec sa femme et ses 4 enfants dans l’enceinte de cette école. Les jours à venir, il lui faut pourtant avoir une maison. Même avec la promesse faite par les autorités de payer quelques mois de location, ce professeur ne sait pas où aller : « je ne suis pas content. On dit une nation vaut ce que vaut son école. On ne doit pas vendre une école au profit des choses. Ils ont fait ça sans consulter les responsables de l’école, ni les professeurs. Dans un pays, il faut encourager la création des écoles et non les détruire. Vous connaissez le salaire du professeur guinéen. Un minime salaire. Ils ont dit qu’ils vont donner deux ans de loyers. Vous-même, vous savez que les loyers ici, si ce n’est pas 800 mille, c’est un million 500 mille et on vous demande un an d’avance. C’est vraiment compliqué pour moi ».
Le chargé des cours de l’interconnexion à l’ENPT se dit lui, choqué par la vente. Bambo Camara affirme que les responsables de l’établissement n’ont pas été associés à cette vente. « J’ai accueilli la nouvelle avec beaucoup de tristesse. Je suis vraiment choqué. Quand on apprend qu’on veut transformer une école en des centres de loisirs, c’est vraiment beaucoup d’amertume pour nous », explique ce professeur.
Les citoyens de Kaporo ne sont pas restés indifférents à la vente de ce domaine. Parmi eux, Ibrahima Kalil Camara qui vit dans ce quartier depuis 40 ans. Il se rappelle de la date de l’inauguration de cette école et ne supporte pas la voir réduite : « ce qui est déplorable dans tout ça, c’est qu’il y ait un grand projet qui met l’école dans un réduit et qu’aucun responsable ne soit venu pour échanger avec les populations vivant dans ce domaine, c’est vraiment grave ».
Aminata Kantara et Baldé Mamadou Kindi sont élèves au sein de cette école. Tous les deux s’inquiètent pour l’achèvement des programmes d’enseignement au compte de l’année en cours. Ils pointent du doigt le régime en place. Plus de 100 pieds de manguiers et d’autres arbres fruitiers pourraient disparaitre lorsque les grosses machines commenceront le nettoyage de ce vaste domaine, a indiqué un responsable syndical de l’ENPT.
Bah Sékou.