Pour plusieurs défis qui s’imposent aux différents Etats Ouest-africains, et qui semblent prendre le dessus sur les capacités nationales de ces Etats, les gouvernements ne doivent plus qu’aller au delà des solutions locales et opter pour des mesures communes avec les autres gouvernements, d’où la nécessité de ne plus trainer le pas sur le chemin de l’intégration sous-régionale. C’est la conviction d’une grande figure de l’intégration africaine, Hadja Saran Daraba, secrétaire exécutif de l’Union du Fleuve Mano. Elle a exprimé cette position ce samedi 16 juillet 2016 à Conakry, où elle co-anime en ce moment même, 13 H’, dans la salle des congrès du palais du peuple, l’un des derniers panels du cinquième Forum Social Ouest Africain (FSOA). Animé par Saran Daraba, Khalifa Gassama Diaby, ministre guinéen de la citoyenneté, Mignane Diouf qui est une autre éminence grise dans ce forum, venue du Sénégal, ce panel porte sur le thème « Quel mécanisme d’intégration Africaine dans un contexte de crise et de mutation socio-économique », et la modération assurée par le Prof Djibril Tamsir Niane, célèbre historien guinéen.
Prenant l’exemple sur la Mano River Union qu’elle coiffe depuis des années, et qu’elle semble maitriser mieux que toute autre organisation d’intégration sous-régionale, dame Saran Daraba a rappelé qu’il s’agit là dans cet espace, d’environ 54 millions d’habitants inégalement repartis entre les quatre pays membres (la Guinée, La Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et le Libéria), et 25 % des ressources forestières du monde. Au delà de ces quatre pays, ce qui se passe dans cet espace touche plusieurs autres pays de la CEDEAO directement liés aux pays membres de l’espace. D’où l’importance, selon elle, que revêt la Mano River Union en termes d’intégration ouest-africaine.
La conférencière s’est basée sur cet exemple d’effort d’intégration qu’est l’Organisation du Fleuve Mano, pour égrener des difficultés qui se posent aux Etats indépendants ouest-africain, et qui nécessitent des efforts sous-régionaux. « La question de la migration électorale est un défi majeur dans les pays de l’espace Mano », a-t-elle dit en guise d’exemple. Ensuite, elle citera la question de migration et de la citoyenneté.
« Les seuls outils des gouvernements ne suffisent plus. Il faut une concertation pour des outils sous-régionaux pour que ces problèmes trouvent solution », a déclaré Madame Hadja Saran Daraba.
Et ce n’est pas tout, dans ce mécanisme d’intégration, elle estime que les acteurs non étatiques, en grande partie les ONG, et les partenaires techniques et financiers ont un rôle important à jouer. « Pour la construction par exemple de routes transnationales », ajoute-t-elle.
Hadja Saran Daraba ne milite pas que pour une intégration, mais pour une intégration organisée. C’est pourquoi, selon elle, il faut aussi adapter les visions des structures étatiques et celles des organisations non étatiques pour éviter un laisser-aller.
Thierno Amadou Camara