L’opposition dite Républicaine jette un doute sur l’utilisation du budget de l’Armée Guinéenne, et donne une liste de contrats qu’elle dit être de gré à gré et surfacturés, allant dans l’ordre de 9 mille milliards de francs guinéens. C’était à l’occasion d’une conférence animée ce 20 juillet 2016 par des leaders de cette opposition, assis autour de leur chef de file, Cellou Dalein Diallo.
Parlant du secteur de l’enseignement supérieur, une enveloppe de 300 milliards de francs guinéens sont annuellement destinés à la prise en charge des frais d’études des boursiers de l’Etat à travers les universités privées, selon le porte-parole de cette opposition, Aboubacar Sylla. Cette manne, dira-t-il, aurait pu construire au moins quatre universités publiques de la taille de Gamal Abdel Nasser de Conakry.
Touchant au ministère de la Défense nationale, l’opposition estime que son budget est une vache laitière pour la gouvernance actuelle. Ce secteur, selon Aboubacar Sylla, a un budget annuel qui tourne toujours autour de mille cinq cent (1.500) milliards. L’année dernière, le ministère est allé bien au-delà dans l’exécution de cette prévision, il y a eu 14 pour cent (14%) du budget de l’Etat alors que la moyenne est de 7 pour cent (7%) dans la sous-région.
Le plus choquant, ajoute-t-il, c’est sont des marchés de gré à gré, et sursaturés. Avant de citer quelques uns, il précise qu’ils ont été enregistrés dans la période de 2014 à 2015.En termes de chiffre, il indique qu’il s’agit de 9 mille milliards de francs guinéens de marchés publics.
Cette somme, poursuit Aboubacar Sylla, aurait pu construire deux barrages équivalant à Kaléta et six barrages Garafiri. Et, ces marchés sont octroyés à des Maliens, des Mauritaniens et d’autres nationalités étrangères.
Citant lesdits marchés incriminés, le porte-parole de l’opposition commence par le marché d’une centrale thermique de 100 mégawatt avec une société brésilienne denomée ASPERBRAS. Malgré le coût faramineux de cet contrat de gré à gré, l’entreprise a été incapable de réaliser ce qu’elle devait fournir et s’en est allée laissant le chantier aux autorités du pays, regrette le porte-parole de l’opposition dite Républicaine.
Ensuite il a dénoncé le contrat passé avec AGREKKO qui aurait coûté 30 millions de dollars. Parmi ces marchés, Aboubacar Sylla a aussi évoqué le cas de K-Energie qui coûte à la Guinée 260 millions de dollars pour deux ans soit 100 milliards par mois.
Autre dénonciation ! Pour parer à l’échec de ASPERBRAS, l’Etat a contracté avec une autre société, la mauritanienne appelée (AON). Celle-ci devait reprendre les équipements de la société brésilienne, les adapter pour fournir en fin de compte le courant électrique aux Guinéens. Cet autre marché aurait coûté 100 millions de dollars.
Ensuite le même Etat a passé un autre contrat avec Abé Sylla concernant Tombo 3. Le coût des travaux ont été fixés à 45 millions de dollars alors qu’une autre procédure était en cours pour que ce même travail soit fait à seulement 15 millions de dollars.
Pourtant, selon Cellou Dalein Diallo, le principe voudrait que l’Etat exige de ASPERBRAS la prise en charge de la finalisation de ce processus de fourniture de courant qu’elle avait dit être capable de réaliser en encaissant une bonne partie de l’argent.
Les opposants ont aussi dénoncé un contrat de fourniture de lampadaires par une société chinoise introduite par des Maliens. Ce marché aurait coûté 104 millions de dollars.
La route Kankan-Kissidougou, un contrat confié à EBOMAF, une société Burkinabé, couterait 1,5 million d’euro par kilomètre, contrairement à ce qui se doit.
A Conakry, le tronçon Sonfonio-Kagbelen couterait près de 400 milliards de francs guinéens. Là aussi, les opposants parlent de surfacturation.
Ces marchés de gré à gré ainsi énumérés et tant d’autres qui continuent de se passer sous la gouvernance d’Alpha Condé, selon Cellou Dalein Diallo, ont une conséquence sur l’équilibre macro-économique et la confiance des bailleurs de fonds.
A en croire le chef de file de l’opposition, pour tenter un redressement, un programme d’austérité a été bâti et présenté aux partenaires pour reconquérir leur confiance. Dans ce plan, il s’est agi de vendre des permis miniers, refuser de baisser le prix des produits pétroliers et la hausse de la TVA et leur élargissement sur les marchés publics. D’où selon lui, l’origine de la souffrance que les Guinéens traversent en ce moment.
Thierno Amadou Camara