Une grande partie de l’intérêt international porté sur la Guinée ces dernières années s’est naturellement concentrée sur les intrigues politiques autour des grandes multinationales minières et la crise dévastatrice de l’épidémie à virus Ebola. Avant cela, la Guinée faisait la une des journaux pour toutes sortes de mauvaises raisons à la suite de l’instabilité politique et des émeutes ayant marqué la période 2008/09 lorsqu’une junte militaire s’empara du pouvoir. Cependant, le pays présente aujourd’hui une différente face pour certaines des sociétés minières en train de développer des gisements, notamment dans le secteur émergent de la bauxite.
Le potentiel minier de la Guinée est largement connu. Le pays détient plus du tiers des réserves de bauxite du monde, le plus vaste gisement de minerai de fer inexploité au monde, le Simandou, ainsi que le diamant, l’or et d’autres minéraux. Les progrès pour développer ce potentiel ont été extrêmement lents. Toutefois, malgré toutes les tribulations dans le développement du Simandou, les perspectives du secteur au sens large sont beaucoup plus prometteuses. Ceci est dû, au moins en partie, directement à l’introduction de politiques constructives – bien que difficiles – telles que les réformes minières 2010-2013, et à la reconnaissance ultérieure que le soutien au développement de la bauxite était tout aussi important que d’arriver à lancer un grand projet tel que Simandou (sans parler du risque moindre).
Grâce à un suivi étroit de la Guinée pendant presque plus d’une décennie, AfricaPractice a été témoin d’une série d’échecs dans le cadre des efforts entrepris par le gouvernement pour éradiquer la corruption et créer un environnement de travail attrayant pour les investisseurs. Cependant, au fil du temps, la révision des contrats miniers et les mesures prises pour permettre une plus grande transparence, l’établissement de divers organismes nouveaux liés à l’exploitation minière et la nomination en 2015 de jeunes cadres technocrates dans le gouvernement, commencent à produire des résultats positifs. Certains exemples comprennent la coopération proactive de la Guinée avec l’EITI (Rapport Annuel 2015) et le lancement du cadastre minier en ligne, qui permettent d’apporter la visibilité dont le secteur a tant besoin.
La diversification est actuellement la priorité, à la fois en termes de dépendance des revenus liés aux ressources et par rapport aux sources de revenus. La bauxite, historiquement dominée par trois grandes entreprises, a connu une très forte activité : la demande est soutenue par des acheteurs de Chine, mais aussi des sociétés minières russes, des Émirats et d’autres plus petites du Royaume-Uni, de la France et de l’Inde, qui se livrent à une compétition effrénée pour lancer ou raviver des projets de bauxite, réduisant ainsi l’exposition de la Guinée à la volatilité du marché mondial. Pendant ce temps, l’or – une ressource fortement convoitée dans notre monde post-Obama, post-Brexit et aux taux d’intérêt bas – continue d’être une source de revenus fiable tandis que les efforts pour tenter de promotion du diamant et d’autres minéraux de la Guinée sont sans relâche. Les participants au Symposium Mines Guinée (SMG), qui se tiendra du 9 au 11 mai 2017, le constateront certainement. Dernier point, mais pas des moindres, les efforts récents du gouvernement pour enfin lancer le projet d’investissement immense en difficulté du Simandou visent à le confier au partenaire avec la plus grande capacité financière – si la Chine ne peut pas financer, personne ne le pourra.
La confiance de la Guinée s’est améliorée et les leçons du passé récent ont été retenues. L’équipe du président Condé sillonne constamment le monde, insatisfaite du nombre croissant de projets. (Cela dit, soyez attentifs à ses actifs pétroliers offshore, adjacents au bassin MSGBC fortement prospectif.) Condé lui-même a dirigé les efforts diplomatiques, et on lui doit beaucoup pour avoir ramené le Maroc, son proche allié, dans l’Union africaine – et peut être également dans la CEDEAO en juin. L’Inde, le Golfe persique, la Turquie et le Japon sont aussi des cibles de l’offensive de charme de Condé, le but étant d’éviter de dépendre de la Chine.
Cela peut paraître quelque peu paradoxal que ce besoin d’activité commerciale soit initié par un homme aux racines ouvertement socialistes. Mais Condé est aussi un pragmatique qui reconnait les limites de l’État dans la mobilisation du capital. Il faut aussi considérer cela dans le contexte de l’objectif plus vaste de libérer le potentiel d’autres secteurs de l’économie actuellement exploités – et en particulier une vaste et fertile région intérieure propice à l’agriculture. La grande vision de Condé pour l’émancipation de la Guinée reste encore fragile, et les pressions et risques politiques socio-économiques ne doivent pas être ignorés à moyen terme. Mais pour les trois prochaines années au moins, la trajectoire positive du pays sera probablement maintenue.
*Adrian Fielding, Consultant, London, Casablanca,
Adrian est un consultant en analyse et renseignement couvrant principalement les pays africains arabophones, francophones et lusophones.
Présentation d’Africapractice
Africapractice est une firme internationale fournit de l’analyse d’experts sur les questions politiques, règlementaires et opérationnelles en Afrique. Notre équipe d’experts sur les pays et les secteurs assiste nos clients pour leur permettre de suivre les évolutions, anticiper les changements et mieux comprendre l’environnement politique et commercial.
Traduction non officielle de l’article original qui peut etre consulter sur :