La ville de Lyon a abrité ce mercredi un colloque sur la presse francophone sous le thème «francophonie : la presse en première ligne». L’initiative est de l’association Reporters Solidaires en réponse à l’appel à projets «Synergies francophones 2017 », lancé par la Région Auvergnes-Rhône- Alpes.
La rencontre a regroupé des universitaires, des étudiants et plusieurs médias francophones dont Mosaiqueguinee.com. Parmi, les invités venus du continent africain, on pouvait noter la présence de Saran Touré, ancienne journaliste de la Radio Télévison guinéenne et vice-présidente de Reporters Solidaires, et de Bangaly Camara, Directeur de l’Institut Supérieur de la Communication de Kountiya (ISIC) de Conakry.
A sa prise de parole, Bangaly Camara a évoqué les difficultés de la presse francophone d’Afrique, notamment celles de la presse guinéenne. Dans son discours, il a pointé du doigt les médias africains qui, selon lui, «jouent le samaritain en se donnant au plus offrant au détriment de l’intérêt public».
Parlant des conditions de travail des journalistes Guinéens, le Directeur de l’ISIC n’a pas manqué de souligner l’absence de volonté politique des autorités et des patrons de presse quant à la mise en place d’une convention collective pour les journalistes. «Ils (les journalistes ndlr) se battent encore pour obtenir une convention collective qui est censée définir les conditions d’exercice de leur métier. Les patrons de presse et les promoteurs de média font la sourde oreille et cautionnent le journalisme alimentaire. Les instances de régulation et les associations de presse ainsi que les autorités politiques restent indifférentes aux revendications des jeunes journalistes », dénonce Bangaly Camara, sous les applaudissements des participants.
Cette situation pousse plus de 34% des journalistes à vivre de leurs reportages ou de négocier leurs plumes « en fonction de la tête du client et de l’envergure de l’évènement à couvrir», a-t-il révélé avant d’ajouter que, «certaines rédactions exigent même des ristournes aux jeunes journalistes envoyés en reportage sur le terrain ».
Cette description de la presse guinéenne faite par le Directeur de l’unique institut public de l’information et de la communication en Guinée, a fait réagir plusieurs intervenants dans la salle. Mais pour l’heure, difficile de savoir si ce discours fera bouger les lignes en Guinée afin d’améliorer les conditions de travail des journalistes.
Depuis quelques années, l’association Reporters solidaires finance la formation de plusieurs journalistes dans l’espace francophone de l’Afrique de l’Ouest. De nos jours, 310 stagiaires Guinéens, 100 du Mali et 25 du Maroc ont bénéficié du soutien de l’association.
Certains stagiaires ont même obtenu des bourses de formation à l’Institut de communication de l’Université Lumière Lyon 2. Un établissement avec lequel Reporters solidaires entretient une relation de partenariat.
De Lyon, Bangaly Kourouma pour Mosaiqueguinée.coms