Une manifestation scientifique sur le thème des «Espaces politiques et sociaux des mines » s’est tenue les 16 et 17 novembre à l’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat. Organisée par la Chaire d’Etudes Africaines Comparées de Rabat en collaboration avec M. Jean-François Bayart (politologue reconnu) et Mme Anna Dessertine (anthropologue), cette manifestation avait pour objectif de traiter de la question minière en Afrique, en adoptant une approche spatiale.
Les modes spatiaux de gouvernement des mines, y compris au moment de la fermeture de certaines compagnies minières ; les espaces d’expression et de conflits qui pouvaient être liés à l’exploitation ; les mobilités et migrations minières ainsi que les dynamiques de genre ont été abordés au cours de cette rencontre.
Un des objectifs majeurs pour Anna Dessertine en organisant ce colloque, était de remettre au cœur des préoccupations scientifiques le contexte guinéen, peu analysé dans les études académiques actuelles. Après avoir mené des recherches dans ce pays pendant près de dix ans, cette rencontre présentait pour elle l’occasion de participer à rendre plus visibles les problématiques guinéennes dans le monde de la recherche sur l’Afrique.
C’est dans cette perspective qu’elle a invité des chercheurs spécialistes de la Guinée à prendre part à la réflexion. Matthieu Bolay (anthropologue) s’est ainsi intéressé aux mobilités induites par expulsion dans les espaces d’extraction artisanale de l’or, en insistant sur le cas guinéen.
Kabinet Fofana (politologue) a exposé son travail sur les violences sociales dans les zones minières à partir du cas de la préfecture de Boké. Johannes Knierzinger (sociologue et politologue) pour sa part, a discuté de la situation des villes minières en déclin à partir du cas de Fria en Guinée, en le comparant à celui d’Obuasi au Ghana.
Anna Dessertine a abordé les enjeux des mobilités minières artisanales aurifères et les relations entre armée, police et orpailleurs.
Si l’on en juge par son potentiel minier, la Guinée se classe incontestablement parmi les pays les plus riches au monde. Son sous-sol regorge en effet des ressources en bauxite, en diamant, en fer, en or et bien d’autres minéraux. Ce potentiel et la question de sa redistribution, dans un pays où la population ne bénéficie des retombées de l’exploitation que de manière encore très timide, explique tout l’intérêt de la Chaire d’Études Africaines Comparées de Rabat pour la Guinée et plus largement pour la question minière en Afrique.
KF