L’enjeu majeur du Fodel
Comme outil pour un véritable décollage économique et social des localités minières, le Fodel est une structure légale prévue par le code minier en son article 130.
Il répond au besoin de l’État de faire de la redistribution des ressources issues de l’exploitation minière, une réalité.
C’est à la fois aussi, une réponse aux nombreuses critiques et pressions des populations impactées dans les zones minières, qui, à chaque occasion, font montre de conviction parfois extrêmes dans la revendication d’un meilleur cadre de vie notamment à Boké, ville de lancement officiel du Fodel.
L’enjeu est énorme, rendre plus visible l’impact positif de nos industries extractives et donner plus de forces économiques aux administrations locales afin de répondre au mieux à la préoccupation des citoyens riverains des mines.
Ce sont des besoins de fournitures d’eau potable, de courant électrique, d’infrastructures sanitaires, de logements, de création d’opportunités d’emplois et d’auto-emplois.
Ainsi, les sociétés minières en exploitation sont tenues au paiement de 0.5% de leurs chiffres d’affaires respectifs pour la bauxite par exemple et 1% pour l’Or à titre d’exemple, lire (art 130 du code minier).
Du lancement triomphaliste aux difficultés de mise en œuvre !
C’était le 10 décembre 2018 que le ministre des mines et de la géologie, Abdoulaye Magassouba a lancé le Fodel à Boké.
La cérémonie s’était déroulée en présence des préfets de la région administrative de Boké, des représentants des communes, des membres du conseil préfectoral du développement (CPD), des partenaires techniques, la société civile mais aussi des sociétés minières.
L’événement donnant l’impression du triomphe du bonheur sur la précarité dénoncée par les populations des zones minières.
Depuis cette date, l’impasse, la difficile équation de mise en œuvre, se pose. Bien que la date du 15 mars 2019 soit le délai de pression, précisé par le décret portant sur le Fodel, un mois après, aucune nouvelle.
En réalité, toutes les sociétés minières sont tenues au payement du montant au plus tard le 15 mars, sous peine de se faire frapper par une amende.
Les sociétés minières, ont-elles respecté leurs engagements ?
Peut-être que non. Et elles auraient certainement été dénoncées par l’État lui-même.
Un silence pourtant après un tel lancement cache des choses. Des éléments concordants font état de payement possible de cette obligation par plusieurs sociétés minières.
Un payement par virement bancaire dans un compte spécial dédié au sein de la banque centrale.
Un lancement officiel du payement, a plusieurs fois, avorté, à Boké. Que cache cette situation ?
L’impasse chez certains conseillers et élus locaux interrogés.
Les élus inquiets, les populations aussi
Visiblement tous motivés par les communales passées par le fait de ce Fodel, ce dernier est en passe de faire pschitt.
L’on se souvient de la menace du Président de la République, Alpha Condé lors d’une de ses nombreuses sorties médiatiques : «aucun maire ne va toucher à cet argent du Fodel», disait-il avec insistance.
Des visages crispés, visiblement frustrés, certains élus ne cachent pas leur colère face au retard dans la mise à disposition du Fodel.
Finalement, à quelque chose malheur est bon, l’on saura mieux les vraies intentions de chaque élu et son ambition de développement avec ou sans Fodel.
Pour certains citoyens, moins avertis, et même d’autres observateurs, le Fodel n’aura aucun effet viable, car ni l’État, encore moins ceux qui sont impliqués dans la gestion de ces montants, n’ont en réalité, aucune une vision nouvelle et réelle de développement au-delà des mots et des verbes.
En attendant de savoir davantage sur les payements et la date de mise à disposition des montants aux ayants-droits, l’avenir des zones minières reste un débat d’actualité. Fodel ne doit pas être mort-né.
Abdoulaye Keita