Ibrahima Kourouma, Ministre en charge de l’Enseignement préuniversitaire, s’est invité ce samedi au siège du parti au pouvoir, RPG arc-en-ciel, pour tenter de justifier une décision impopulaire du gouvernement. Il s’agit de l’interdiction de toute inscription cette année, pour les nouveaux bacheliers en faculté de langue arabe, une décision qui a entrainé une panique généralisée. « Il n’a jamais été question de fermer l’enseignement franco-arabe », a entamé Ibrahima Kourouma.
Mais qui a ouvert cette boite à pandore qui exposera ensuite la gouvernance Alpha Condé à la colère de la communauté musulmane du pays ? Selon lui, c’est son collègue de l’enseignement supérieur, Abdoulaye Yéro Baldé, se rendant compte d’un manque criard de bons enseignants dans cette filière, qui a pris la responsabilité d’empêcher toute inscription.
Mais, précisera-t-il, la mesure ne concerne que les nouveaux bacheliers. « Ceux de la deuxième, la troisième année peuvent continuer », ajoute-t-il.
Mais que deviendront ces bacheliers si soudainement privés de s’installer en faculté de langue arabe ? « Tous ceux qui ont eu le baccalauréat seront orientés dans d’autres filières », a rassuré le Ministre.
Ibrahima Kourouma a aussi profité de cette tribune pour expliquer la démarche qui a permis au gouvernement de rectifier le tire, et rassurer les partenaires religieux. « Je suis allé voir El’hadj Mansour Fadiga, pour lui dire que c’est faux, la filière arabe n’a pas été fermée », dit-il.
Ensuite, selon Ibrahima Kourouma, il a appelé le Premier imam pour démentir. Il fallait plus, pour désamorcer la situation. Lui, Ibrahima Kourouma, a envoyé le lendemain une délégation, pour lui expliquer cette mesure malchanceuse. Puis, « nous nous sommes retrouvés pour discuter et faire savoir à tout monde que c’était des histoires », confie le Ministre.
Le tout a été couronné par une grande réunion impliquant les Ministres du système éducatif, le grand imam et tous les acteurs concernés pour faire une déclaration. Cette déclaration explique qu’il n’a été jamais question d’une quelconque fermeture de l’enseignement privé en Guinée.
Le Ministre a-t-il été sommé par le chef de l’Etat de venir rassurer les militants de son parti suite à l’effrayante polémique suscitée ? Les Ministres se sentent-ils désormais obligés d’expliquer leurs démarches aux responsables et militants du parti au pouvoir ? Voici tant de questions qui restent posées. En tout cas, juste après cette « mise au point », en missionnaire, le Ministre Ibrahima Kourouma s’est sagement levé pour sortir et laisser l’assemblée générale se poursuivre.
Thierno Amadou Mo M’Bonet