S’il y a un fait qui paralyse l’administration guinéenne, c’est la difficulté pour les ministres et autres hauts cadres du pays, de prendre les décisions à leurs niveaux pour faire face à certaines situations sur lesquelles ils sont pourtant les premiers concernés.
Le cas de l’université de Kankan en est une illustration parfaite. Alors que des enseignants de cette institution d’enseignement supérieur réclamaient le départ de toute l’équipe du rectorat, le ministre en charge de l’enseignement supérieur, Boubacar Téliwel Diallo, n’avait pu suspendre que le vice-recteur chargé des études et une pognée de cadres de cette université. C’est seulement un mois plus tard qu’un décret présidentiel viendra suspendre le recteur, le Dr. Idrissa Magassouba.
Depuis donc cette suspension intervenue le 07 décembre dernier, l’université de Kankan est dirigée par un comité, avec à sa tête, l’ancien secrétaire général du rectorat. Cette suspension prolongée qui fera bientôt cinq mois, est à l’origine de la grogne des étudiants sortants de la sixième promotion du système LMD, qui ont manifesté ce lundi 25 avril, pour réclamer leurs diplômes. La remise de ces documents officiels ne pouvant se faire sans la signature du recteur, tarde toujours à venir alors que ces étudiants ont validé depuis juillet 2015, les 180 crédits requis. Ils sont près de 2 000 étudiants à attendre donc, du coté de Kankan, d’être en possession de ce sésame précieux. Tous les appels vont donc en direction du ministère de l’enseignement supérieur qui est en charge des institutions d’enseignement supérieur.
De ce coté, un haut responsable que nous avons rencontré nous a confié que l’absence prolongée de recteur à l’université de Kankan est un problème qui ne peut être réglé qu’à la présidence de la République.
«L’actuel recteur a été suspendu par un décret présidentiel, donc le ministère ne peut rien faire à ce niveau. Seul le président peut lever la suspension ou nommer un nouveau recteur », nous a-t-il confié.
Chose qui est désormais claire, seulement Alpha Condé lui-même pourra débloquer la situation qui prévaut à Kankan.
Plusieurs scénarios de ce genre ont été enregistrés à plusieurs niveaux dont le cas le plus récent est la suspension de trois cadres du ministère de la communication dont le directeur général de la RTG, Yamoussa Sidibé. Ce dernier, on se souvient, n’a retrouvé son poste que quelques mois plus tard.
En attendant que les décisions ne tombent, les regards restent donc rivés sur le palais Sékoutouréyah.
Mamadou Pathé Barry