Une quarantaine de jeunes déportés au camp Soronkoni depuis le mois de février 2020, ont finalement recouvert leur liberté, dimanche aux alentours de 2 heures.
Rencontré ce lundi 30 mars 2020, au QG de l’UFDG, Mamadou Madina Diallo, un des anciens détenus du camp de Soronkoni, a fait un témoignage sur la longue et douloureuse épreuve qu’il a traversée, avec ses codétenus.
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En patrouille le 11 février 2020, dix (10) pickups de la police ont rallié Koloma- marché. Les forces de l’ordre sont venues nous trouver assis, ces agents nous ont tous arrêtés, puis on a été embarqué à bord des pickups. Ils n’ont pas pris la peine de demander nos pièces d’identité. Après notre arrestation, on a été conduit à la CMIS de Koloma, avec plusieurs autres jeunes dans le même quartier et au même moment.
Arrivée au CMI de Koloma, on a été tous emprisonnés sans motif. Le lendemain à 14 heures, un autre pick-up de la CMIS est venu nous récupérer. On a été tous classé comme des outils, à bord de ce pick-up. Certains policiers ont placé leurs pieds sur nos corps, à même le sol. Nous avons été déférés au CMIS d’Enco 5. Là aussi nous avons été auditionnés le jeudi. Aux alentours de 18 heures, un camion militaire de BSP de Kindia est venu nous chercher tous. Les militaires étaient tous armées, ils ont ouvert notre cellule, on a été embarqué à bord du camion militaire, on était une trentaine de jeunes arrêtés à Koloma.
Ensuite, le camion s’est dirigé à la CMIS de Camayenne, où d’autres prisonniers de Kaloum, ont été ajoutés à nous. Aux environs de 22 heures le camion a démarré, on ne savait pas la destination, je pensais qu’ils allaient nous tuer. On est passé de Conakry au camp Soronkoni sans manger, ni boire, et les fusils pointés sur nos têtes. Quand on est arrivé au camp Soronkoni, on était quarante personnes, toutes épuisées. Les militaires ont envoyé un petit panier de riz pour quarante personnes, cela ne pouvait pas nous souffrir. Quelques minutes après, on a été emprisonnés dans une seule cellule. Même pour aller aux toilettes, on nous retardait. Nous sommes restés dans cette chaleur. On nous suivait même dans les toilettes pour se mettre à l’aise. Pendant la journée, on faisait des travaux forcés, comme le transport d’eaux dans des bidons. Beaucoup parmi nous sont tombés malade. Parfois, les militaires font jouer le morceau Bherdéandin Wâliké de Lama Sidibé, pour se moquer de nous. On est resté plusieurs semaines dans ce calvaire. Ces militaires nous accusaient de s’être opposés au pouvoir.
Finalement, ils nous ont pris dans un camion, et nous ont déposés à Kagbélen à 2 heures du matin, hier dimanche. C’est comme ça on a rallié nos maisons. Nous sommes pratiquement tous malades.
Propos recueillis par Saidou Barry