Dans le cadre de la prestation des soins aux patients, les infirmiers jouent un rôle déterminant, mais difficilement perceptible. Néanmoins, depuis leurs premiers pas dans ce métier, ils se disent toujours motivés.
Le métier d’infirmier ne peut s’exercer en dehors de la vocation qui doit animer le candidat dès le départ. Au terme de leur formation, les nouveaux sortant sont déployés dans les structures sanitaires. Ils abattent un travail colossal, mais souvent méconnu. Pour plonger dans l’univers de leur quotidien et comprendre leurs motivations, nous nous sommes rendus à l’Institut de Nutrition et de Santé pour Enfants (INSE), le seul centre de référence du pays pour les nouveau-nés avec complications. Il est situé dans l’enceinte du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Donka, précisément entre la maternité et la pédiatrie.
Dès l’entrée des salles d’hospitalisation des bébés, nous sommes accueillis par leurs cris. Ici, le corps médical travaille d’arrache-pied pour redonner vie aux bébés en détresse afin de mettre le baume au cœur de leurs mamans.
Dans cette chaîne de prestation de soins aux patients, l’infirmier représente un maillon central. C’est lui qui est en contact direct avec les bébés. Ce sont ses remontées d’informations au médecin qui déterminent ses orientations pour venir à bout de la pathologie. « Le médecin, lui, il vient le matin, il fait les visites, il donne des recommandations pour la surveillance et la prise en charge du nouveau-né. C’est quasiment les infirmiers qui font le reste du boulot. S’il n’y a pas une grosse complication, le médecin n’est pas sollicité, le reste, c’est l’infirmier », témoigne Dr Ibrahima Sory DIALLO, Directeur général de l’Institut de Nutrition et de Santé pour Enfants (INSE) de Donka.
Dr Ibrahima Sory DIALLO, Directeur général de l’Institut de Nutrition et de Santé pour Enfants (INSE) de Donka dans son bureau.
Cette relation hiérarchique instituée entre le médecin et l’infirmier depuis des lustres, permet un jeu collectif sous-tendu par une complicité pratiquement inextricable. Ce qui renforce l’esprit d’équipe qui permet ainsi d’aboutir à des victoires partagées. « Quand un enfant arrive, je prends tous ses paramètres et je les remonte à mon médecin. C’est sur la base de ces éléments que le médecin viendra observer l’enfant pour définir la conduite à tenir. Et après, nous, nous nous occupons des soins de l’enfant selon l’ordonnance qu’il va prescrire », explique Mme Diallo Mama TOLNO, Infirmière à l’INSE.
Mme Diallo Mama TOLNO, Infirmière dans l’une des salles d’hospitalisation à l’INSE.
Parfois, malgré leur détermination à redonner vie au nouveau-né, leurs efforts peuvent se solder par des échecs conduisant à la perte du bébé. Fort heureusement, il y a pour les infirmiers des moments d’exploit qui les galvanisent davantage dans leurs batailles quotidiennes. Mme Diallo Mama TOLNO se souvient d’un cas récent et encore prégnant dans sa mémoire : « Le mois de mai dernier, il y a eu un monsieur qui est arrivé ici avec son enfant dans un état un peu inquiétant après avoir laissé sa maman dans un état également inquiétant. Il etait avec nous quand on lui a annoncé le décès de la maman de l’enfant. Nous nous sommes ainsi occupés de son bébé jusqu’à ce qu’il recouvre sa santé ».
Malgré cette période de COVID-19 qui fait des ravages à travers le monde, ces infirmiers continuent de rallier l’Institut, et ce malgré que l’INSE soit entouré de 3 sites de prise en charge des malades de COVID-19. D’un côté, l’on a la maternité qui est un site de prise en charge, de l’autre, la pédiatrie qui est aussi un site de prise en charge des malades de COVID-19.
Cette situation ne les décourage pas pour autant, loin s’en faut. Ils expliquent leur motivation par l’amour du métier, l’envie de sauver des vies pour mettre des sourires sur le visage des mamans « Souvent, quand la mère d’un enfant sauvé revient ici pour un contrôle, elle tient obligatoirement à me voir pour me remercier. Il y a plus d’une dizaine de mamans qui me l’ont fait. Cette marque de reconnaissance est beaucoup pour moi et c’est ça l’élément déterminant de ma motivation à continuer d’exercer ce métier », nous confie Alpha Mamadou CAMARA, Infirmier.
Alpha Mamadou CAMARA en train de prendre les paraùètres du bébé.
En dépit de cette pandémie de COVID-19, les gardes nocturnes qui rythment l’exercice de ce métier sont toujours de mise, surtout que des nouveau-nés continuent à être hospitalisés. Au moment où nous quittions les lieux, 42 bébés au total y étaient admis, dont 9 pour la seule journée. « L’on surveille les bébés qui sont hospitalisés et on s’occupe de ceux qui arrivent. C’est ce que nous faisons toute la nuit durant. Nous ne sommes pas autorisés à nous coucher puisque les mamans des patients peuvent avoir besoin de nous à n’importe quel moment. Le matin, avant de quitter, on fait les premiers soins pour permettre à l’équipe qui arrive à reprendre facilement la main », nous raconte une infirmière rencontrée dans la salle d’hospitalisation des bébés.
Il reste établi que chaque geste, chaque acte a besoin d’une protection. Le besoin en consommables accroît surtout en cette période de COVID-19 qui a entraîné une recrudescence dans l’utilisation des gants dans tous les services, car chacun a peur d’être contaminé. Mieux, ces précautions permettent de minimiser des infections de l’infirmier vers le malade et du malade vers l’infirmier. Mais malheureusement, le corps médical de cet institut n’en dispose pas suffisamment.
Saa Momory Koundouno