De toute l’histoire du groupe Bolloré, jamais il n’a été nulle part choyé comme c’est le cas aujourd’hui dans le pays du complice du patron de l’entreprise, son ami de longue date, le Président de la République de Guinée, Alpha Condé.
Le boss de Sékhoutoureya, en personne, a mis à profit certaines de ses sorties publiques, pour conforter la position de l’entreprise de son ami qui opère en Guinée depuis des décennies. Ces compliments présidentiels, lancinants, dans un pays à régime hyper présidentialiste avec l’omniprésence de l’exécutif dans tous les dossiers, sonne comme un traitement de faveur, pas le moindre, dans un monde concurrentiel, estime-t-on.
C’est bien ces affinités concoctées au plus haut sommet de l’Etat qui s’avèrent miasmatiques pour la métropole, originaire du magna, dans l’attribution d’un contrat, au point d’attirer l’attention de la justice à la recherche d’indice suspect de corruption.
De société ordinaire au port à mastodonte nationale qui broie tout sur son passage
Le groupe Bolloré est présente en Guinée dans le domaine portuaire, à la faveur de la libéralisation des activités portuaires (transport maritime, transit, manutention ) à travers les trois filiales qui sont : SBV, SOCOPAO et SAGA. Ce, après 1984.
Le label Bolloré est apparu avec Bolloré logistic, sur les cendres de SAGA, consécutif à la cessation du volet transport maritime. Il s’est alors consacré exclusivement à la logistique portuaire (manutention, transport terrestre et transit). Jusqu’à cette date, Bolloré vivotait et cherchait désespérément d’autres débouchés, mais en vain.
C’est ainsi qu’en 2008, à la faveur de l’appel d’offre pour l’extension et la modernisation du port autonome, Bolloré va soumissionner pour un marché qui sera attribué à la société Nécotrans.
Il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en 2010, l’homme pour qui s’est battu le patron du groupe Bolloré, pour que soit attribué à ce groupe, le marché qui l’avait échappé en 2008 pour manque d’arguments nécessaires à sa réalisation, dit –t-on.
L’argument principal avancé par les autorités pour déchoir Nécotrans de ce sésame, est le manquement de cette dernière, aux clauses contractuelles. La société par contre, a opposé elle aussi en vain, l’argument de l’instabilité politique qu’à connu le pays avec la transition militaire.
La société Nécotrans sera donc dessaisie du marché, les installations militarisées et le personnel non guinéen sommé de quitter le pays. Insatisfaite de la procédure, la société va engager des procès contre la Guinée à la cour arbitrale de l’OHADA, et contre Bolloré au tribunal de Nanterre en France, respectivement pour rupture abusive de contrat et pour concurrence déloyale.
Les ambitions outre transports de la mastodonte nationale
Les plus affûtés affirment l’intérêt du groupe Bolloré pour les mines. Les autorités pour le moment se réservent de tout commentaires. Par ailleurs, d’autres indiquent avec insistance, que le Trans guinéen, ce gigantesque projet ferroviaire qui était avec Zacopé, incontournable à la production des mines du Sud du pays, serait en passe de tomber dans les escarcelles du désormais tout puissant groupe Bolloré qui serait alors, le nouveau roi du sol et du sous-sol guinéen.
L’effet contagion des perquisitions des locaux du groupe Bolloré à Paris, par des enquêteurs français, devrait toucher les guinéen, avec l’ouverture d’une information judiciaire ou la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire .
Nous y reviendrons ! !!
Sadikou