Notre rédaction a rencontré le ministre délégué à la Défense Nationale, Maître Abdoul Kabélé Camara. Il nous parle dans cet entretien du bilan de la réforme des forces de défense et de sécurité, de la compagnie Guinéenne déployée au Mali au compte de la MISMA et du nouveau contingent qui y sera déployé sous peu. Lisez…
Mosaiqueguinee.com : Monsieur le Ministre, la reforme du secteur de la Défense et de la sécurité est l’une des priorités du gouvernement, pouvons
nous savoir le bilan de cette réforme à quelques jours de la date d’anniversaire de l’Armée Guinéenne ?
M. Kabélé : le premier bilan visible est l’acceptation du rapport d’évaluation sur le secteur de la sécurité qui a été élaboré par des experts à l’initiative de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies. Ce rapport a été validé et dès après l’investiture de Monsieur le Président de la République, il m’a instruit d’écrire aux partenaires bi et multilatéraux afin de leur notifier notre accord sur le rapport d’évaluation. Nous avons ainsi identifié les mesures très urgentes à prendre pour faire démarrer la réforme, notamment la démilitarisation de la ville de Conakry tant en nombre de troupes qu’en matériels militaires. Parce qu’autrefois étaient jonchés de blindés, des militaires circulaient avec des armes de guerre. Il faudra donc reconnaître que cette image a disparue. Il fallait ensuite délocaliser ces armes lourdes et c’est chose faite. Nous avons également redéployé nos hommes à l’intérieur du pays, notamment le long de nos frontières avant de nous attaquer à la mise à la retraite proprement dite et le recensement biométrique. La mise à la retraite a été un processus qui a été mené en partenariat avec le système des Nations Unies avant d’enclencher tout de suite le recensement biométrique qui nous a permis de connaître le volume de nos forces armées qui a été aussi suivi de bout en bout.
Après les bases de données, nous sommes actuellement dans la phase de l’implantation des sites pour arriver à une gestion des ressources humaines globales. C’est-à-dire, quitter complètement la gestion du personnel pour arriver à la gestion des ressources humaines. Comme autre réalisation, nous avons procédé à la reforme de la gendarmerie par le Haut Commandement de la Gendarmerie et la direction de la justice militaire. Les textes d’application ont été pris et nous avons mis en place une formation spécifique pour les magistrats militaires et cette formation suit son cours. Et bientôt le tribunal militaire sera opérationnel. Nous avons aussi fait la réalisation de plusieurs infrastructures militaires et le Président de la République s’est lui-même investit pour la construction de sept bataillons en plus des bataillons autonomes qui existent déjà. Nous avons projeté la construction des bataillons d’infanterie et il y en a sept qui sont en cours de réalisation, l’appel d’offre a été lancé, les entrepreneurs ont été choisit et ces bataillons d’infanteries verront le jour d’ici fin 2014. Quant au volet formation, il est au centre de la réforme. Nous avons eu à déployé beaucoup de militaires qui n’étaient pas bien formés dans les écoles et les centres de formation pour qu’ils soient dans la logique du respect des normes des statuts généraux et particulier de la justice.
Pour l’Armée de mer, nous avons pu assurer une bonne surveillance maritime, avec l’aide de la coopération française, nous avons réalisé un Cémafor à Tamara pour surveiller nos côtes. C’est pourquoi aujourd’hui la pêche illicite est complètement maîtrisée et nous sommes entrain de réaliser des performances à ce niveau comme la création de la Préfecture Maritime. Sans oublier l’élaboration des textes législatifs et règlementaires qui n’avaient pas besoin d’un appui financier des partenaires bi et multilatéraux a été faite, divulguer et distribuer au niveau de toutes les unités presque. Il s’agit pour nous aujourd’hui d’organiser des rencontres pour échanger sur ces textes pour qu’il y ait une appropriation au niveau de toutes les forces armées. La politique nationale de défense et de sécurité est en voie d’élaboration, les politiques sectorielles ont été déjà élaborées et une campagne de sensibilisation pour des consultations nationales a été entreprise au niveau de toutes les régions naturelles du pays pour que la population nous dise exactement de quelle type d’armée elle a besoin pour que la confiance soit rétablie entre les forces armées et cette population. Vous savez qu’il y avait complètement une rupture de confiance due qui ont dû à certains excès que certains militaires qui n’ont pas compris le fonctionnement de l’art militaire exerçaient. Nous sommes actuellement à ce niveau et bientôt après cette consultation nationale, la politique nationale sera déclenchée.
Un contingent de l’Armée Guinéenne est actuellement au Mali dans le cadre de la mission de maintien de la paix dans ce pays, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la situation de ce contingent ?
En accord avec la CEDEAO, la Guinée a décidé d’envoyer une compagnie au sein du bataillon sénégalais au Mali, en l’occurrence, la compagnie Nimba composée de 145 personnes qui se trouve actuellement au sein du bataillon sénégalais de la MISMA (mission d’intervention et de sécurité au Mali). La Guinée qui a compris très tôt que le Sénégal et le Mali sont deux poumons dans un même corps, et quand il y a un problème dans l’un de ces pays la Guinée doit se lever tout de suite pour atteindre ce feu. C’est pourquoi le Président de la République n’a pas hésité un seul instant à engager nos troupes sur le front du Mali. Aujourd’hui cette compagnie se trouve à Kidal centre et tout se passe bien pour elle. Le coût de cette opération été très élevé et ce sont les forces armées de Guinée qui ont engagé ces dépenses qui dépassent 20 milliards de nos francs en dépit de la conjoncture nationale et internationale.
Le Président de la République a récemment annoncé l’envoi d’environ 850 soldats supplémentaires au Mali dans le même cadre, pouvez vous nous dire un peu sur les modalités de déploiement de ces militaires ?
Avec l’aide des Nations Unies, le nouveau contingent va être préparé. C’est un processus qui obéit à des règles bien déterminées, notamment répondre aux exigences et normes standard internationaux et nous sommes au niveau des accords avec les Nations Unies. Ça va nous permettre de constituer aussi une force en attente sur place qui sera mise à la disposition de la Force Africaine en Attente à tout moment. Donc, un centre d’entraînement pour le maintien des opérations de la paix sera crée et consolidé pour que la Guinée puisse avoir un stock renouvelable et mobilisable à tout moment. Au départ, il est question de 850 hommes, mais tout dépendra des besoins réels des Nations Unies. Sachez qu’un chiffre exact n’est pas déterminé avec précision et c’est les NU qui pourront faire la demande. Elles peuvent dire à la Guinée d’envoyer 200, 400 ou 500 personnes.
Qui prendra ce contingent en charge ?
Par le passé, la Guinée pour répondre à l’attente du gouvernement malien et de la CEDEAO a engagé ses propres fonds pour que la compagnie soit déployée rapidement avec la logistique nécessaire. Mais après, le matériel sera remboursé par les Nations Unies et la CEDEAO conformément à la réglementation en vigueur. Et je vous signale d’ailleurs que c’est notre pays qui avait assuré en alimentation à cette compagnie de février à juin et c’est à partir de juillet que les Nations Unies qui alimentent cette compagnie à l’instar des autres compagnies nigérienne, sénégalaise et béninoise. S’agissant du nouveau bataillon, il sera pris en charge immédiatement par les Nations Unies.
A quelle période que ce contingent va être déployé au Mali ?
C’est un processus qu’il faut suivre, il faut des notes verbales, des accords, faire des visites au Mali pour savoir comment ça se passe, fixer les normes, préparer les homes et les formés pour qu’ils soient au même niveau que tous les autres hommes travaillant sous la tutelle des Nations Unies.
Est-ce qu’il y a de difficultés pour la compagnie guinéenne déployée au Mali ?
A l’instar de mes collègues africains qui sont concernés par cet exercice là au Mali, j’ai eu l’occasion de me rendre au Mali et visité notre compagnie au sein du bataillon sénégalais. J’ai été très fier du comportement de nos hommes qui travaillent très bien et le commandement de ce bataillon sénégalais me l’a notifié. Après Gao, ils sont actuellement à Kidal centre et un compte rendu journalier est fait de leur mouvement dans ces deux villes et nous croisons les doigts jusqu’à présent, parce qu’il n’y a aucun problème à leur niveau.
Merci beaucoup Monsieur le Ministre
Je vous remercie aussi.
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