Après le Canard Enchaîné, Mediapart. Depuis quelques semaines, d’insistantes rumeurs de manœuvres de déstabilisation du régime en place, relayées par de médias internationaux, nourries dans un premier temps, par des notes de services de renseignements, et maintenant par des enregistrements sonores et vidéos, agitent les esprits et alimentent la conversation à Conakry.
Une situation qui intervient dans un contexte d’élections sur fonds de bataille autour de Simandou1 et 2.
Dollars, mines, multinationales, pouvoir politique, fraudes électorales, puissances étrangères et services secrets, des vocables qui nous tympanisent et nous asticotent depuis des semaines. Patchwork ragoûtant aux allures de cocotte-minute et de cocktail Molotov. C’est l’histoire d’un petit pays de l’Ouest Africain, aux potentialités minières dantesques, décidé à en reprendre le contrôle pour une gestion saine, après de nombreuses années de bradage au gré d’un système mafieux où la corruption, les pots-de vin et autres faveurs en nature, étaient de règle. Voici le nœud gordien de l’affaire. Se croyant agir en territoire conquis, les multinationales, du moins, les moins sérieuses, Dieu seul sait qu’elles sont nombreuses, la Guinée étant devenue le champ des conquêtes faciles, une craquée de billets verts derrière le rideau, le tour était joué-ces mastodontes du monde des mines, habitués à se voir délivrer des permis les plus outrageusement permissifs, voient rouge sentant leurs intérêts sordidement acquis, menacés. Leurs grenouillages et leurs jeux d’influence se buttent à la pugnacité et au sacerdoce de transparence des nouvelles autorités décidées à prendre le taureau par les cornes. Ainsi vînt la fameuse affaire BSGR, ce colosse israélien de l’industrie des mines, couverts des sept péchés du pays de Ben Gouran, qui s’est vu se retirer les blocs 1&2 du plus grand gisement de fer au monde. L’Etat guinéen sous le nouveau leadership, ne saurait se coltiner que moyennant 160 millions de dollars d’investissement en prospection, un seul individu fasse main basse sur une richesse évaluée à dizaines et dizaines de milliards de dollars américains, avec à la clé une joint-venture qui lui rapporta cinq fois son budget annuel, cela est inconcevable et scandaleux aux yeux du locataire du palais Sékoutouréya. S’engage ainsi la plus grande et coûteuse bataille dans les mines au monde. En la matière, tous les moyens sont bons pour faire regretter à l’autre son outrecuidance. Alpha Condé sait de science certaine que Benny Steinmetz ne le laissera plus dormir du sommeil du juste. Israélien à la rancœur tenace, multimilliardaire, et donc disposant de moyens surréalistes, Benny a juré sur le palpitant qu’il livrera bataille à Alpha Condé et à son régime. Paradoxe des paradoxes, tout un pays victime de ses mines, se voit pris dans un tourbillon de guerre à issue incertaine. Tout naturellement, il est prêté de sataniques intentions à l’homme, c’est lui qui financerait l’opposition et qui la pousserait à un rythme frénétique dans les rues depuis bientôt trois ans, c’est lui qui fédérerait toutes les intentions diaboliquement similaires venant d’autres personnes gardant une dent pourrie contre Alpha Condé, c’est lui ceci, c’est lui cela. Les médias étrangers que d’aucuns soupçonnent à tort ou à raison de connivence avec le pouvoir de Conakry se délectent de cette guerre de tranchée qui ne fait que commencer et en font leurs choux gras. Les feuilles de choux et autres tambourins de l’intérieur font les moutons de panurges à contresens. On s’émeut moins des confessions-vociférations injurieuses et foncièrement bellicistes d’un ancien commis de l’Etat guinéen, qui s’épanchant taillant bavette avec un diable sorti des entrailles des forêts équatoriales, déclenche un véritable casus-belli avec la première autorité d’un Etat qui en l’espèce, méritait qu’on le porte au pinacle pour la noblesse de son combat. Peu me chaud qu’il ait deal ou pas entre Thiam et Condé, à admettre, sous toutes réserves, que le premier ait livré du fafiot au second alors que celui-ci lorgnait le grand fauteuil, ceci est malsain, indigne et anti-éthique, mais n’autorise aucunement le sieur Thiam quels que soient leurs rapports de dealers à deux devenus exécrables, de pactiser avec tous les carnivores du monde de sorciers des mines pour déstabiliser son propre pays. Vouloir mettre sur la place publique un soi-disant dossier déflagratoire en ce moment-ci où toute la nation retient son souffle, est antipatriotique, mesquin, vindicatif et suffisamment criminel, il faut avoir le sang noir de diable dans ses veines pour agir ainsi, j’ai dit…