Le foncier en guinée, à la fois un casse-tête et une écurie d’Augias. Incroyable mais vrai, l’actuel ministre de l’urbanisme et de l’habitat au nom dit-on de l’Etat, vient de céder deux domaines de 18 ha et de 400 ha, situés à Kipé centre-émetteur et à Lambanyi, à vil prix à un groupe chinois. Une acquisition qui, à cause de tout ce qui l’a rendue possible, fait un ramdam terrible dans la cité.
On savait le ministère de l’urbanisme et de l’habitat la face la plus hideusement représentative de la magouille sans nom qui mine notre administration publique, on sait qu’à chaque régime son lot de scandales, de frustrations, de dénis de justice et de ressentiments,
on sait que chaque ministre de l’urbanisme et de l’habitat en guinée, sauf exception à confirmer, traîne une ribambelle de casseroles, mais par l’audace dangereusement antipatriotique qu’il vient de s’offrir, en bradant sans sourciller, des domaines classés réserves foncières de l’Etat, Ibrahima Sobra Bangoura puisque c’est de lui qu’il s’agit, est entré tout seul, dans le musée des horreurs les plus monstrueuses de l’histoire du foncier en Guinée. Le scandale s’appelle Mar Grandisiogate du nom de cette société chinoise à laquelle Sobra Bangoura a offert sur un plateau d’or deux des domaines les plus stratégiques de notre capitale à cause de leurs positions géographiques vis-à-vis du centre directionnel du fameux plan d’urbanisation estampillé Banna Sidibé. Tenez, d’abord ce domaine de 18 ha à Kipé Centre-Emetteur, cédé au gré d’un tour de passe-passe magique, à près de 14 millions de dollars US, alors que celui-ci intègre 5ha précédemment acquis par la libyenne la Laïco, contre payement rubis sur ongles de 12 millions de dollars américains également, du magot à la traçabilité encore floue. Eh oui, la Laïco a beau jeu de réclamer son dû à l’Etat, le principe de continuité aidant, du moment où elle se retrouve dépossédée de ce qu’elle croyait avoir acquis en bonne et due forme, c’est sans compter avec les tartufferies dont sont capables nos cadres véreux et corrompus jusqu’au trognon de l’urbanisme et de l’habitat. Quid du grisbi payé par cette société longtemps fleuron de l’industrie immobilière de la grande Jamahiriya et au-delà ? Les soupçons se font insistants en direction de l’ancien premier ministre, non moins président du PEDN, Lansana Kouyaté, chef de gouvernement à l’époque des faits. Pour toute la proximité qui était sienne avec la Libye du Guide de la révolution, le très panafricaniste Mouammar Kadhafi, pour toutes les instructions données en qualité de premier ministre, Lansana Kouyaté se doit de rendre compte de la destination prise par tout cet argent et de l’utilisation qui en a été faite. Cet impératif de vérité, de clarification s’impose désormais à l’état actuel de l’imbroglio engendré. Lansana Kouyaté doit dire si c’est lui qui a donné l’ordre de virement de plus de 3 millions de dollars us sur un compte en suisse, ensuite un autre d’un peu plus de 9 millions de dollars cette fois-ci sur un compte à Dakar. Il en va de sa réputation et de sa respectabilité, mais aussi du principe de gouvernance des fonds publics. Pour le reste, l’autre scandale le plus effarent dans cet océan de monstruosités, c’est la menace de destruction qui plane sur la seule école spécialisée en télécoms de notre pays, l’espace sur lequel elle est bâtie faisant partie du domaine en cause. Toutes honte et consciences bues, des enseignants de cette école et bien de cadres à plusieurs niveaux et surtout des conseillers nationaux de la transition, se souciant de l’avenir des enfants de guinée comme de colimaçon, courbant honteusement l’échine devant le billet vert, ont sans barguigner décidé de sacrifier l’avenir de tout un pays sous l’autel du gain facile égoïste. Au président de la république qui a été mené en bateau, de refuser de tomber dans le traquenard géant tendu à lui, en remettant ce dossier complètement à plat. A partir de là, il se rendra à l’évidence que Sobra Bangoura s’est bien payé une audace antipatriotique, et s’il pousse le bout du nez jusqu’à la plage de Lambanyi, il suffoquera, tellement, le désastre est monstre.