Vers le 55ème anniversaire de l’armée guinéenne, une armée qui tante tant bien que mal de reconquérir ses lettres de noblesse et redorer ses blasons ternis par des excès de tout genre durant les 25 dernières de son règne au pouvoir. Les forces armées guinéennes décidées à tourner cette page sombre se veulent plus disciplinées et plus républicaines.
L’Armée guinéenne, la grande et vaillante armée guinéenne, celle qui
marqua les luttes de libération du continent africain d’une pierre blanche, celle qui livra bataille aux côtés de divers peuples de la grande Afrique, sait qu’il y a seulement trois ans, elle avait touché le fond, décomposée, désarticulée qu’elle était, la pyramide du commandement à l’envers, donc un assaut de conscience devenu un impératif de programme aussi bien pour elle-même que pour les autorités civiles.
C’est peu de dire que cette armée qui était finalement le reflet d’un pays tout aussi à l’envers, était au seuil d’une désagrégation presque certaine nourrie des clivages générationnels et des querelles de leadership à peine contenues, la décrépitude de la hiérarchie en son sein se faisant plus cinglante. Cette armée, savait qu’elle se devait de retomber sur ses pattes, de remonter le courant et surtout de fumer le calumet de la réconciliation avec son peuple. Un peuple qui avait fini de la prendre en grippe pour cause d’excès, d’abus et d’excentricités de tout poil. Oui, c’est une lapalissade que de dire que le peuple de guinée avait tourné le dos à son armée, lui battait froid, ne se reconnaissant plus en elle, elle dont il était pourtant si fier pour toutes les victoires remportées sur les fronts de guerres au service d’une Afrique d’abord en proie au drame de la colonisation, puis au désastre de la guerre et des conflits armées et maintenant au terrorisme. Certes ce n’était point le grand amour entre cette armée et son peuple durant les 23 années Conté, mais c’est la parenthèse Moussa Dadis Camara qui somme toute fût la plus la période la plus sombre de l’évolution de cette armée. L’image du caporal qui dit merde à un colonel est encore dans tous les esprits, l’image clochardisée du militaire se promenant à tout bout de chemin et se livrant à des abus de tout acabit, violences, vols à mains armées, braquages, kidnappings, et des pires j’en passe, dans la capitale, cette image est encore de fraîche mémoire, mais l’image la plus bouleversante, la plus ignoble et renversante finalement, c’est celle de militaires faisant subir les derniers outrages à des guinéennes, elles ces femmes leur temple sacré violé, l’âme chevillée au corps, resteront à jamais marquées au fer rouge par les séquelles déchirants de la barbarie sans nom du 28 septembre 2009.
Ces vilaineries, l’armée s’est résolue à ne plus y retomber, le chantier de la RSS produisant des effets escomptés, une démilitarisation à tous crins de la zone spéciale de Conakry, une meilleure visibilité sur la population militaire par le biais de la magie de la biométrie, le départ à la retraite de 4 029 militaires qui ont blanchi sous le harnois, une restructuration qui se matérialise des services d’encadrement, la création de nouvelles compagnies d’infanterie, de nouveaux bataillons, et d’une brigade pour booster le développement du secteur agricole, le tout désormais sous l’emprise d’une justice militaire qui n’hésitera point à brandir l’épée de Damoclès. La reconquête des lettres de noblesse perdues se mesure aujourd’hui par la présence de cette armée au sein de la Minusma dans le nord Mali, un bataillon s’ajoutera bientôt aux 144 soldats guinéens déployés il y a des mois, c’est la preuve qu’à nouveau l’Afrique fait confiance à cette armée qui se veut désormais républicaine à jamais, respectueuse des droits humains, et réconciliée avec son peuple, l’hommage de la patrie en dépend. Mais il reste du chemin à faire pour y arriver, plus d’attention aux conditions de vie, à commencer par le cadre de vie, serait un viatique qui conduirait sur la voie de la renaissance et du renouveau tant espérée.