Le président Alpha Condé l’a réaffirmé ce week-end, le perchoir de l’assemblée nationale sera à la forêt ce que la primature sera à la basse-côte. Au delà du fait que ce souci de dosage ethnico-régional soit mal perçu par une grande frange de l’opinion, pour le poste de président de l’assemblée nationale, la personne du candidat choisi et les conditions de son choix, posent problème.
Kory Kondiano, un illustre inconnu au bataillon pour le commun des mortels, si vous êtes surpris par le choix, vous le serez davantage au prononcé du nom du prochain premier ministre, c’est du Alpha Condé, rien n’y fait. C’est cela la marque de fabrique de l’homme, il ne s’en défera point sous aucun prétexte. On nous a beau enseigner que la très probable deuxième personnalité de l’Etat a la science infuse, un sorbonnard qui dit mieux, on nous dit que Kory est du métal rare d’une espèce de cadres à l’intégrité jamais prise en défaut en voie d’extinction, on entend de tout sur le compte de ce monsieur sorti de nulle part, on nous vante, c’est là que ça devient intéressant, sa loyauté légendaire là aussi jamais démentie dit-on, c’est ce qui apparemment aurait milité en faveur de notre Kory Kondiano qui se nationalise soudain, sorti des pénombres pour être projeté sous les objectifs et lambris dorés, notre Kory national peut s’enorgueillir d’être ainsi mis sur un piédestal présidentiel s’il vous plait, il peut se frotter les mains de bénéficier de cette bénédiction présidentielle tombée du ciel comme des alouettes toutes cuites, l’a-t-il voulu et demandé ? Pas si sûr ! Ne dit-on pas que l’argent vient à celui qui dort ? Alpha Condé sait-il au moins qu’avec le choix du candidat de la mouvance qui le soutient pour la conquête du perchoir du parlement élu, il annonce les couleurs des nominations à venir, des choix stratégiques à faire si tenté il aspire à insuffler la dynamique requise au fameux projet de changement pour lequel il a été élu ? Le ton est donné, il y a peu à espérer des décisions qui doivent suivre. Ceux qui ont dit qu’Alpha Condé n’est pas du métal de chef d’Etat à s’encombrer d’une personnalité haute en couleur, ont beau jeu de penser ainsi, la preuve s’il en était besoin leur est servie par le biais du choix porté sur notre Kory de Kissidougou qui se nationalise. Alpha Condé n’en voudra non plus à la primature, le choix en 2010 du toujours actuel locataire du petit palais qui se refuse de déposer bilan honteusement comme Ponce Pilate, en fait foi. Ceux qui espèrent et qui soupçonnent un tantinet l’heure de la révolte, de la vraie rupture sonnée, feront mieux de changer de bésicles, ils en resteront le bec dans l’eau. S’il en ainsi que ça commence, il ne faut pas s’attendre à grand chambardement, le bigbang tant espéré, c’est du navet dont il faut faire son deuil. En deux mots comme en mille, Kory Kondiano, rien qu’à voir l’air de déterré, de revenant qu’il affiche, mieux à l’avoir en photo qu’en vrai, ce n’est pas du lourd, ce n’est pas du sérieux.
On lit ici et là qu’il est d’une grande probité morale, oui on en besoin, oui ma guinée en a besoin par ces temps de grands détournements, la pratique a la peau dure, mais non d’un ectoplasme à la tête d’un parlement chèrement acquis, accouché dans la douleur, d’une assemblée qui exhalera une forte odeur d’âmes consumées dans les flammes des violences qui ont ponctué sa mise en place, on n’en a pas du tout besoin, le sacrifice des guinéens ne saurait être piétiné de la sorte, la mémoire de toutes ces vies humaines arrachées à nous ne saurait être trahie ainsi, ce ne sont pas les hommes qui manquent, de l’or en barre, ça foisonne au sein du grand parti tout comme il n’en manque pas venant de la forêt à laquelle le grand leader veut destiner le perchoir de l’Assemblée nationale. Plus qu’un souci d’équilibrage régional, de la démarche de l’animal politique de la trempe d’Alpha Condé, des visées électoralistes ne se cachent pas loin. 2015 c’est maintenant, la forêt et la basse-côte, qui est un triple buse ? Pas en tout cas El Présidenté.