La Guinée a un parlement élu voici un peu plus d’un mois. Mais il traine à s’installer, les 114 députés élus attendent toujours d’être convoqués pour la rentrée officielle de la nouvelle assemblée nationale. Au lieu de convoquer celle-ci, Alpha Condé, vient de prendre tout le monde de court et convoquer plutôt le CNT. Ça fait désordre tout ça !
On le croyait gêné aux entournures face à l’épais écheveau de l’enchevêtrement des enjeux nationaux, on pensait qu’il cherchait son chemin de Damas dans le dédale encombré des tâches à faire en même et impérativement, c’était oublier que l’homme est un tacticien rompu à l’art de démêler des situations les plus inextricables qu’il sait se créer tout seul. Alpha Condé adore affronter l’adversité, il adore provoquer le conflit, il adore s’emmitoufler dans de beaux draps, il affectionne ouvrir des boîtes de Pandores. Preuve si besoin en était nous vient d’être servie. Quoi que pris entre deux avions parcourant le monde, voulant saisir un agenda international derrière lequel il court depuis trois ans, Alpha Condé a le temps et sait bien fignoler son agenda caché, c’est un fin limier politique, mais un fin limier politique qui à force de vouloir tirer ses marrons du feu à tout bout de champ, finit par s’emmêler les pinceaux et par tomber dans le traquenard qu’il a voulu tendre aux autres, un peu tel est pris celui qui croyait prendre. En décidant de faire adopter le budget 2014 par le CNT, non seulement, Alpha Condé coupe à nouveau l’herbe sous les pieds d’une opposition qui n’a pas à eu le temps d’organiser sa riposte après la transmission du document de projet à cette institution transitoire en réalité morte de sa belle mort, Alpha Condé a-t-il vu venir un nouveau bâton dans ses roues ? Donc non seulement il laisse l’opposition le bec dans l’eau, mais en même temps, il croit asséner un coup à celle-ci, en lui enlevant toute possibilité de lui donner du fil à retordre à l’hémicycle sur une question aussi stratégique, cruciale et urgente que celle du budget. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ! Ce qui est vrai sous d’autres cieux, je pense à Haïti, ce qui est vrai pour le président Martelli ne l’est pas forcément pour la guinée et Alpha Condé. Alpha Condé le sait, il sait que ce ne sera point une partie de plaisir à l’hémicycle. Qui a dit qu’Alpha Condé a la phobie du nouveau parlement élu ? Si ce n’était le cas, il est à se demander pourquoi met-il tout ce temps, voici un peu plus d’un mois qu’il traine à se décider à convoquer la rentrée officielle d’une institution accouchée au forceps après tant de sacrifices humains et matériels ? L’adoption à l’as de pique de la loi de finances 2014 par le CNT, plus qu’un scandale, alors qu’un parlement élu, sorti des entrailles du peuple, est prêt à fonctionner, sonne comme un aveu de la peur bleue qu’Alpha Condé a d’affronter une institution où ça promet de se disputer âprement, où l’on ne peut être sûr de rien, où tout peut basculer à tout moment. Oui ce n’est un secret pour personne, Alpha Condé, qui continue de ruminer le score non espéré, glané par le grand navire jaune, craint d’affronter ses opposants plus que jamais unis et solidaires, oui qu’il redoute de voir le nouveau parlement lui filer entre les doigts, oui qu’il redoute de voir cette loi de finances 2014 faire choux blanc, être retoqué, oui on invoque l’article 157 de la constitution, oui on dira que la nouvelle assemblée nationale n’aurait pas eu le temps matériel de s’installer, d’élire son bureau et ses commissions pour ensuite adopter un budget dont l’Etat a besoin pour fonctionner au titre de 2014, des arguments à mon sens claudicants eu égard tout le temps qui a coulé depuis la proclamation des résultats définitifs des élections législatives. Voici un mois 72 heures jour pour jour que la cour suprême a livré son verdict, ce temps n’était-il pas suffisant pour convoquer la nouvelle assemblée ? Alpha Condé ne pouvait-il pas faire l’économie de cet autre gaspillage de temps pour notre pays en faisant l’impasse pour une fois sur un agenda international aussi important qu’il soit mais qui pouvait bien attendre, eu égard un agenda national tout aussi important et saturé? Tout le temps parcouru en milliers de kilomètres pour aller à Brasilia, Paris, Abu Dhabi, Paris à nouveau, Johannesbourg on peut comprendre, on ne peut pas ne pas honorer la mémoire de Tata Madiba, tout ce temps pouvait bien servir à préparer dans le temps la rentrée solennelle de l’assemblée élue de sorte que celle-ci soit dans le temps matériel de doter le pays d’un budget au titre de l’exercice 2014. Mais mais, cela est désormais connu de tous, le pays est au rythme et à la cadence du RPG-Arc-en-ciel, tant que celui n’aura pas fini de fourbir ses armes pour le jour crucial, jour de la rentrée du nouveau parlement, celui-ci ne siégera pas, n’en déplaisent à ceux qui feront grise mine, c’est cela Alpha Condé, on va sano, le turban jaune au cou. Rien n’à faire ! Il ne reste plus à nos chers grands élus que de prendre leur mal en patience et de tourner les pouces en attendant la prochaine session, celle des lois. Pauvres de nous !