La cérémonie d’ouverture de la cinquième édition du Forum Social Ouest Africain (FSOA), hier, mercredi 13 juillet 2016 à Conakry, a vite laissé démarrer la vingtaine de panels prévus par les organisateurs. Le Ministre guinéen en charge de l’Unité Nationale, Kalifa Gassama Diaby, a animé la deuxième conference inaugurale, juste après celle animée par Demba Moussa Dembélé, venu de Dakar. Axée sur le thème « La construction du système démocratique et la problématique de l’unité nationale en Afrique : Quels impacts sur les relations politiques et socioculturelles entre les peuples et le développement », cette conference a connu la participation remarquables d’intervenants venus de tous les horizons pour assister à ce forum sous-régional.
Après une intervention préliminaire du Ministre Gassama, il répondra en deuxième partie, à plusieurs interrogations exprimées par des participants et soigneusement répertoriées par le facilitateur, Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum Social du Sénégal.
« La question était de réfléchir un peut sur la relation entre notre désir de démocratie et notre besoin de nation. C’était l’occasion de rappeler à quel point l’un a besoin de l’autre. Aujourd’hui si nous voulons une nation, il nous faut respecter les règles démocratiques. Et si nous voulons aussi une vie démocratique plus saine, il nous faut une nation. Et qui dit nation, dit bien sûr citoyenneté, dit respect de l’Etat de droit, respect des droits et des libertés mais aussi des obligations », a indiqué le conférencier au micro de mosaiqueguinee.com juste après avoir franchi le seuil de la salle des congrès où s’est tenue ladite conference.
Pour Gassama Diaby, « l’objectif est de réveiller la conscience de nos concitoyens (Guinéens et Ouest-africains Ndlr) sur la nécessité pour les uns et des autres à participer ensemble, pour la construction de cette nation qui doit être basée bien sûr sur des règles démocratiques ».
Face à ceux qui imputent à l’avènement de la démocratie le retard des peuples africains, et qui estiment qu’il faut s’en débarrasser, le ministre pense « qu’on ne peut pas tourner le dos à quelque chose qui nous est absolument indispensable ».
« Au lieu de se plaindre, il faut que chacun d’entre nous s’investisse de la façon la plus honnête et la plus sincère pour donner sens à cet idéal de démocratie. Si nous n’avons pas de démocratie, qu’est ce qu’on aura à la place ? Qui veut une société sans liberté, sans justice, sans égalité ? Personne ! La démocratie est le seul système pour nous aujourd’hui, et d’ailleurs universellement, qui nous garantisse un environnement dans lequel ces valeurs universelles, inaliénables à tout être humain, valeur de justice, de liberté, d’égalité peuvent s’exprimer et tout le monde doit pouvoir en bénéficier », a ajouté le Ministre conférencier.
A notre question de savoir la place de l’Ethnie dans ce processus participatif de démocratisation qu’il prône, le conférencier répond : « Il n’y a pas de place de l’ethnie dans un système démocratique viable et républicain ». Mais, précise-t-il, cela ne veut pas dire que les ethnie ne sont pas à prendre en compte.
« Ce que nous souhaitons, et c’est d’ailleurs le système qui a été consacré par nos instruments juridiques notamment la constitution, nous voulons un système politique qui garantisse dans l’espace publique l’existence exclusive du citoyen. C’est à dire de cet être juridique qui a des droits, des libertés et des devoirs. Pour ce qui est de nos appartenances spécifiques qu’elle soient ethniques, religieuses ou autre, l’espace privé est là pour cela.
Pour ce qui est de l’espace public, ce que nous voulons pour la démocratie, et pour la nation guinéenne, dans l’espace public guinéen c’est le Guinéen, pas le Peul, le Malinké, le Sousou, le Kissi ou le Guerzé. Par ce que s’il y a des identités segmentées et singulières dans l’espace public, cela nous amène bien sûr à des approches différentes et peut être même à des risques de confrontation… ».
Ce forum se poursuit au palais du peuple et devrait prendre fin le 16 juillet. Mais avant tant d’autres conférences sont annoncées.
Thierno Amadou Camara