Depuis la fin de la période des 100 jours de grâce, une période accordée aux dirigeants responsables et soucieux de leur mission dans les pays où le devoir de redevabilité est un mode de gestion et constitue le critère fondamental d’évaluation de ses dirigeants, le gouvernement actuel fait l’objet d’une attention particulière de la part de la population.
Le chef du gouvernement notamment, depuis la fin de cette période, est la cible d’un faisceau de critiques parfois les plus acerbes et intolérantes. Victime d’un malaise social à cause d’une contingence de difficultés, d’ordre social, économique et politique qu’il à héritées, mais aussi et certainement, coupable aux yeux d’une certaine opinion, du manque de poigne, de leadership et de management, le Premier Ministre s’attire à cet effet et peut être à juste raison, les foudres d’un peuple impatient auquel il a été promis un miracle au sortir de l’élection Présidentielle de 2015. Bref, la demande sociale de plus en plus présente, impose au gouvernement une obligation de résultats et tacitement au PM la mise en application immédiate de son discours de politique générale qui, il faut le rappeler, à été applaudi par presque l’ensemble des députés au parlement. Ce qui fait alors de ce discours un programme «model» d’un premier ministre qui tient compte des aspirations légitimes de la population.
Pour un vaste chantier de reconstruction du pays sous toutes ses formes, le Président de la République a toujours composé avec une Primature qu’il a voulue aphone. Cette Primature est dépouillée de toutes ses prérogatives constitutionnellement consacrées, l’empêchant alors de jouer son rôle de coordinateur des actions de ses ministres, sinon des ministres dont ils découvrent les visages en même temps que tout le monde.
Face à des situations du genre impropre au travail abouti, la solution est la démission. Hélas, dans le passé, sauf à une exception aussi questionnable, aucun occupant du palais de la colombe n’a volontairement jeté l’éponge pour protester contre ces excès d’autorité du patron de l’exécutif. Depuis son élection pour son premier mandat 2010 jusqu’à ce jour, Alpha Condé n’a point dérogé à la règle qui consiste à faire obstacle à l’émergence d’une petite Primature à côté d’une grande Présidence.
Mohamed Said Fofana et Mamadi Youla ont obéi pour leur choix à des critères quoique discrétionnaires du Président, qui ne mettent pas en cause son attitude d’hyper-dominant et omniprésent dans tous les dossiers. S
aid Fofana , cet ancien cadre du ministère du Commerce, aspirait plutôt à un poste de secrétaire général tout au plus d’un portefeuille ministériel mais pas d’un poste de Premier Ministre dont il ne pouvait espérer et imaginer.
Mamadi Youla , quant à lui, qui occupait une responsabilité plus importante dans un grand projet minier, GAC, ne pouvait, lui aussi, rêver d’un portefeuille de Premier Ministre. Ils ont été tous surpris, pour avoir été catapultés à un poste qui impose des qualités dont ils étaient sans en avoir, entrain de se forger.
A la différence de Mohamed Said Fofana, Mamadi Youla à reçu tous les compliments de tous les acteurs de la nation, suscitant ainsi un grand espoir. Certainement que c’est ce qui pourrait expliquer des ras-le-bol qui fusent de partout mais qui ne pourraient être justifiés.
En dépit de l’espoir de voir une amorce de développement qu’on estime effiloché avec Mamadi Youla, il saurait être plus mauvais que le taciturne Mohamed Said Fofana, et bien d’autres qui l’ont précédé sous d’autres régimes. A sa place alors, c’est bien le président qui devait prendre plus de coups pour que même les plus incrédules continuent de croire à la sincérité de la croisade qui est engagée contre lui.
Lamine Mognouma Cissé