Le contrat de construction de la route Kankan-Kissidougou a été longtemps dénoncé par des acteurs politiques en Guinée. Pour cause, le coût faramineux de la réalisation de cette route de 194 km, qui se chiffre à plus de 300 millions d’Euros. L’entreprise burkinabée, EBOMAF, chargée des travaux, vient de décrocher un marché similaire en Côte d’Ivoire, pour moins de la moitié de ce montant.
L’information vient du site de Jeune Afrique. Un contrat de construction de 200 km de routes dans le nord de la Côte d’Ivoire nécessitera 87 milliards de FCFA, soit un peu plus de 132 millions d’Euros d’investissement. Le constat saute aux yeux. Le contrat de construction de la route Kankan-Kissidougou, coûtera aux contribuables guinéens pas moins de 304 millions d’Euros, pour à peu près la distance (194km). Soit un ratio de plus de 1,5 millions d’Euros au kilomètre, contre 660 Euros en Côte D’ivoire. La cabale et la filouterie rivalisent du côté du pays régenté par le Professeur Alpha Condé. Contrairement aux pays de la sous-région où l’Entreprise Bonkoungou Mahamadou et fils exerce, les travaux sont à l’arrêt en Guinée depuis de nombreux mois.
Si l’Etat n’a pu poursuivre les décaissements prévus, il est aussi évident que le modèle de financement du projet est largement mis en cause. Les engagements et garanties de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) auprès d’institutions financières surtout africaines, en toute opacité, ont fini par attirer le courroux de partenaires comme le FMI.
Au pays du ‘’Vieux’’ par contre, JA révèle que les sources de financement des travaux sont connues. « Le gouvernement a donné un mandat de levée de fonds à la Société Générale de Banques en Côte d’Ivoire (SGBCI), dirigée par Hubert de Saint Jean. La filiale du français Société Générale a deux options pour mobiliser ce montant : recourir à un crédit bancaire (prêt syndiqué) ou solliciter la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) en s’appuyant sur sa filiale Sogebourse », précise le journal. En outre, le géant du BTP burkinabé a brillé de par son incapacité à gérer les nombreux problèmes aussi bien avec les autochtones dans le Nabaya, qu’administratifs et techniques.
Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition qu’on soupçonnait de faire une fixation sur ce contrat, tant il n’a eu cesse de décrier sur tous les grands médias du pays ce contrat, avait finalement raison sur toute la ligne. Les accointances entre le PDG d’EBOMAF, Mahamadou Bonkoungo (qui est de la belle famille du président déchu Blaise Compaoré) et Alpha Condé, sont connues de beaucoup. Une fois de plus, le débat sur le supposé rôle obscur du président guinéen dans l’attribution de marchés publics de gré à gré à ses amis, refait surface.
Mohamed Mara