Bountouraby Sylla est vendeuse de poisson. Comme beaucoup d’autres femmes, son business consiste chaque jour à quitter son quartier situé dans la commune de Matoto, pour venir acheter du poisson au port de pêche de Bonfi, commune de Matam, avec des pêcheurs et revendre cette marchandise sur place. En plus de la rareté des poissons ces derniers temps, ces dames souffrent de beaucoups d’autres difficultés accentuées par le manque d’accompagnement de la part des autorités.
Depuis quelques mois, les affaires de Bountouraby ne marchent plus comme avant. “Maintenant nous pouvons rester jusqu’à 10 heures sans avoir du poisson, parce que le poisson se fait rare. Certaines pirogues reviennent maintenant avec seulement deux ou quatre casers. Il y en a d’ailleurs qui ne font même pas entrer l’équivalent de la moitié de ce qu’ils ont dépensé. Nous sommes obligées parfois de prier nos clientes alors qu’avant je pouvais vendre cinq douzaines avant midi, maintenant nous parvenons rarement à vendre plus de deux douzaines par jour”, a-t-elle déclaré.
Chaque année pourtant, le ministère de la Pêche, de l’Aquaculture et de l’Economie Maritime organise un repos biologique, une suspension des activités de pêche industrielle afin de favoriser la reproduction des ressources halieutiques.
“Dès fois, la quantité de poisson que nous achetons avec les pêcheurs, peut même rester avec nous jusqu’à trois jours. Durant cette période, nous payons très cher la glace qui se négocie parfois à 30 mille francs guinéens le panier”, a confié cette dame assise avec d’autres femmes qui confirme ses témoignages.
Le frigo public du port est en réfection dans le cadre d’un projet financé par le roi du Maroc. En attendant, ces femmes utilisent un frigo privé où elle paient pour la conservation de leur marchandise.
“Avant on payait mille francs par poisson mais maintenant nous payons 100 mille par mois et par congelateur, quelque soit la taille du congélateur”, ajoute une autre dame.
Ces femmes vivent au quatidien dans un environnement malsain. Pourtant, malgré les 2.500 francs guinéens qu’elle paient par jours aux responsables du port. “Nous souffrons vraiment, dites aux autorités de nous aider. Le poisson se fait rare et notre port est sal. Il y a personne pour nous aider. Ils n’ont qu’à rendre içi propre comme le port de Boulbinet” , renchérit Bountourabi.
Nous avon cherché à avoir la version de la Directrice du Port. Elle n’a pas accepté de se prêter à nos questions. “Qu’est ce que nous allons dire, depuis 2012 nous en parlons et c’est toujours la même situation, on ne nous aides pas, qu’est ce que je vais dire”, a-t-elle lancé hors micro.
Thierno Amadou M’Bonet Camara