Après un premier report à cause de l’absence d’un avocat de la défense, le procès de Madame Hadiatou Diallo, couturière âgée de 26 ans, accusée de meurtre de sa co-épouse, Safiatou Garanké Bah, s’est ouvert hier mercredi 12 avril 2017, au tribunal de première instance de Mamou, a constaté notre correspondant régional.
Plaidant coupable des charges retenues contre elle, l’accusée est revenue sur les circonstances du meurtre présumé.
«Le jour des faits, aux environs de 22 heures, j’étais assise dans ma chambre en train de coudre des habits. Me rappelant que je n’avais pas encore prié, c’est alors que je me suis levée pour aller faire l’ablution. C’est en ce moment, arrivée au couloir, j’ai trouvé ma co-épouse avec un couteau et elle m’a dit qu’elle va me tuer. Incessamment, elle s’est jetée sur moi et un accrochage a éclaté entre nous. C’est dans cette bagarre que j’ai réussi à retirer le couteau de ses mains, ensuite elle est tombée. C’est quand le chef de secteur est venu qu’on m’a dit qu’elle (sa co-épouse) est morte», explique l’accusée.
Deuxième épouse de son mari et qui était à sa quatrième année de mariage, l’accusée Hadiatou Diallo fait savoir à la barre qu’il n’y a jamais eu d’entente entre elle et la victime. «Ma co-épouse et moi, il y avait toujours des malentendus entre nous. Nous habitions dans une maison commune sans notre mari, mais elle ne veut pas me voir dans cette maison. A chaque fois que j’alerte mon mari, il réplique pour dire que j’aime trop me plaindre. Toutes les deux familles étaient au courant de ce que j’endurais avec ma co-épouse. Il y avait souvent des médiations qui ont conduit au partage de notre dépense pour que chacun prépare pour soit, mais ça n’a jamais mis fin aux problèmes», a-t-elle ajouté.
Comparaissant en qualité de simple témoin, le chef de secteur, qui a été le premier à découvrir le corps de la défunte, raconte : «ce jour là, après avoir été informé tard dans la nuit que ça ne va pas entre les deux co-épouses, je me suis rendu sur place. Arrivé, j’ai trouvé que toutes les portes étaient fermées. J’ai dit à Hadiatou de m’ouvrir elle a ouvert la porte mais j’ai constaté que sa co-épouse n’y était pas. Quand je lui ai demandé où était cette dernière, elle (l’accusée) m’a répondu qu’elle est partie en bas. Ne croyant pas à cela, j’ai pris son bras et je me suis mis à rechercher à travers la maison. Dans cette fouille, j’ai constaté quelques gouttes de sang par endroit. C’est alors que j’ai vu le corps sans vie de Safiatou (la victime) dans la douche interne d’une des chambres de la maison», explique-t-il.
Demandée par le procureur si elle confirme les propos du chef de secteur, l’accusée reconnaitra qu’elle avait caché le corps dans la douche interne de la chambre de son mari. « J’avais eu peur, c’est pourquoi j’ai traîné le corps dans la douche de la chambre de notre mari», a-t-elle argumenté.
Dans son réquisitoire, le ministère public dénonce le comportement du mari qui a abandonné ses deux femmes seules dans une maison pour vivre à l’étranger. «Il (le mari) a laissé ses deux femmes dans une même maison pour aller vivre à l’étranger sachant tous les problèmes de rivalité qui peuvent exister. C’est lui qui est responsable de ce qui est arrivé», accuse Sidiki Camara.
«Tout de même, l’accusée a reconnu ici que c’est elle qui a poignardé sa co-épouse, cela est évident ! C’est pourquoi, pour l’application de la loi, je demande que l’accusée Hadiatou Diallo soit condamnée à 20 ans de prison ferme avec une période de sûreté de 10 ans», tranche-t-il.
L’avocat de la défense, pour sa part, soutient que sa cliente était en position de légitime défense. « Quand quelqu’un te menace avec un couteau, te dit qu’aujourd’hui c’est fini pour toi, tu vas rester à le regarder et ne rien faire ? »S’interroge-t-il, demandant au président du tribunal de relaxer purement et simplement sa cliente. «Parce que, celui qui est responsable de tout ce qui est arrivé c’est leur mari», plaide Me Mohamed Abou Camara.
C’est à 21 heures que le président du tribunal, Sidiki Kourouma, a déclaré la fin des débats et renvoyé le délibéré pour 26 avril prochain.A noter que le leur mari, Abdoulaye Bah, qui vit en Angleterre, s’est marié avec une nouvelle femme, pendant que la première est décédée et la seconde est en prison.
Alpha Mamoudou Barry depuis Mamou, pourMosaiqueguinee.com