A l’image de la plupart des entreprises évoluant dans la région, l’usine du jus de fruits de Kankan, a toujours du plomb dans l’aile. Cela, malgré la volonté affichée ici et là, dans le cadre de sa relance. Pénurie de mazout pour faire tourner les groupes électrogènes, pannes techniques, insuffisance de personnels qualifiés…sont autant de difficultés qu’évoquent certains travailleurs, interrogés par Mosaiqueguinee.com.
Autres facteurs qui minent le décollage effectif de cette entreprise, les pesanteurs familiales et l’immixtion du PDG (Sory Doumbouya), dans les charges attribuées au maigre personnel de bureau, recruté sur le tas, sans contrat, nous a-t-on témoigné sur place.
Pour la petite histoire, c’est en 1967 que l’usine du jus de fruits de Kankan fut inaugurée par Ahmed Sékou Touré en compagnie de Modibo Kéita, son hôte de la République du Mali.
A l’avènement de la deuxième République sous Lansana Conté, elle fut privatisée, donc placée sous les commandes d’un particulier Guinéen dont la gestion du reste, calamiteuse, entraînera sa chute, jusqu’en 2010, année qui coïncide à l’ère de la 3ème République, sous Alpha Condé, qui dénonce un libéralisme économique »sauvage » de ses prédécesseurs et se propose de relancer toutes les unités industrielles fermées ou à l’agonie.
A cette occasion, Sory Doumbouya est choisi par le régime Condé, pour la reprise de la production à l’usine du jus de fruits vue par les kankanais comme une fierté nationale.
A ce jour, les attentes des travailleurs de l’usine, sous employés, mais des nombreux producteurs d’orange, de mangue et d’ananas, dans le cadre de l’approvisionnement, sont encore loins d’être comblées.
Dans cette entreprise, le visiteur est accueilli par le silence des moteurs et des montagnes de pièces arrachées à l’usine, sous prétexte qu’elles sont abîmées, sans compter cette humeur déconcertante de sa poignée de soi-disants employés.
Sur la place publique, le scepticisme du citoyen n’en n’est pas des moindres. Tous se posent une seule question : Sory Doumbouya dispose -t-il de moyens nécessaires pour sauver l’usine de jus de fruits, symbole de notre souveraineté alimentaire ?
A suivre…
Mamadi Cissé, correspondant régional de mosaiqueguinee.com à Kankan.