En Guinée, nous sommes sortis de l’ère des régimes militaires et des dictatures. Mais, traumatisés, nous en conservons les schémas mentaux et les séquelles psychologiques. Nos conceptions du pouvoir et de sa dévolution sont restées tributaires du passé. Nous sommes maintenant à l’ère de la partitocratie. Des partis trop souvent reconstruits par les oligarques des précédentes autocraties sur les cendres de l’ancien parti unique.
Dans les assemblées, ces nouveaux maitres de l’espace public renvoient une image de l’être parfait. Toutefois, dans la gestion de leur parti, ils reproduisent invariablement les mêmes défauts qu’ils reprochent au président de la République. Auquel, ils attribuent à tort ou à raison une volonté hégémonique.
Le parti se confond au leader. Lequel devient en même temps le principal bailleur et le projet de société. Pas de véritable convention. Malgré les échecs électoraux, le leader est là. Qu’il pleut ou qu’il neige, sa volonté sera faite. Ainsi, pouvoir et opposition souffrent tous d’une psychopathie primaire. L’envie de s’éterniser au pouvoir. Même s’il faut tordre le cou à la loi.
Alors, une fois à la magistrature suprême, comment ne pas s’éterniser au pouvoir? Et comment s’en libérer ?
Il faut, pour y parvenir, déceler la cause ultime de cette pathologie politique. Mon hypothèse est que les partis politiques sont détournés de leur fonction naturelle. Et, les failles de cette institution de la démocratie permettent de reproduire les mêmes pratiques du temps des anciens régimes.
L’un des chantiers prioritaires des luttes démocratie en Guinée est donc de transformer qualitativement les partis politiques et de les rétablir dans leur fonction démocratique.
Comme nous sommes tous d’accord sur le plafonnement du nombre de mandat présidentiel à deux, pourquoi ne ferions-nous pas autant dans le fonctionnement des partis politiques ?
Par Amadou Tidiane Barry, acteur de la société civile