Quand la participation de l’entité ‘’sahraouie de la RASD’’ pose un véritable casse tête diplomatique.
Sur les bords de la lagune ebrié, Abidjan, la capitale ivoirienne se pare de tous ses atouts pour accueillir à la fin de ce mois de novembre (29 et 30) les travaux du 5eme sommet ‘’Union Africaine-Union Européenne’’. Un sommet censé regrouper (tous les 3 à 4 ans) les dirigeants de ces 2 grands continents, liés par l’histoire et la géographie autour des sujets majeurs comme ceux de cette année portant sur la triptyque – migrations, sécurité, développement -avec un fort accent mis sur la Jeunesse.
Cette rencontre de haut niveau à la thématique devant focaliser toutes les attentes et attentions est hélas déjà éclipsée par un casse-tête diplomatique et protocolaire : la participation probable de l’entité ‘’sahraoui de la RASD’’ provoqué par le changement de format et d’appellation du sommet. On le sait, depuis le premier sommet du genre tenu au Caire janvier en 2000, ces grandes rencontres alternées entre l’Europe et l’Afrique étaient organisées sous le format ‘’Union Européenne-Afrique’’. Et n’y prenaient part que des gouvernements internationalement reconnus, ce qui excluait de facto l’entité RASD, la fameuse ‘’République Arabe Sahraoui Démocratique’’.
Mais, le retour du Maroc au sein de la grande famille de l’UA en janvier 2017 a induit le changement formel d’appellation de ce grand forum qui porte dorénavant le nom ‘’Union Africaine- Union Européenne’’ à l’inverse des formats anciens caractérisant le partenariat entre l’Afrique et les autres groupements régionaux ou Etats partenaires. On a encore en mémoire, les traditionnels rendez vous ‘’Afrique – Chine’’, « Afrique-Amérique du Sud’’, ‘’Afrique-Japon’’, ‘’Afrique-Turquie’’… Sommets au cours desquels, le principe sacro saint de la représentation exclusive des Pays membres des Nations Unies a toujours été respecté.
Sauf que fort malheureusement, ce changement d’appellation et de format en sommet ‘’Union Africaine-Union Europeenne’’ a ouvert une brèche et servi de prétexte à ‘’l’entité sahraoui de la RASD’’ et à ses alliés pour revendiquer, en tant que membre de l’UA, le ‘’droit’’ d’être présent au forum d’Abidjan en fin novembre 2017. Voila le problème !
Devant ce casse tête diplomatique évoqué mi novembre à Conakry par les Présidents Alpha Conde (Président en exercice de l’UA) et Alhassane Ouattara (Chef de l’Etat du pays hôte du Sommet, la Cote d’Ivoire), et suite à l’invitation adressée à la ‘’RASD’’ au nom de l’UA conformément aux obligations statutaires de l’organisation panafricaine par le Tchadien Moussa Faki, Président de la Commission de l’UA de prendre part au prochain sommet UA-UE, l’Union Européenne a vite fait pour éviter toutes ambigüités et interprétations de clarifier sa position par la voix de son porte parole.
Mme Catherine Ray a souligné à cet effet, le 15 novembre dernier à Bruxelles que « La participation à ce sommet (…) ne constitue pas une modification de la position de l’Union européenne de la non-reconnaissance de la RASD». Chaque organisation, a-t-elle ajouté, est souveraine dans l’élaboration de «sa liste respective des participant lorsqu’elle accueille la réunion sur son territoire ». Pour bons nombres d’Etats africains ainsi que la majorité des poids lourds de l’UE, notamment la France, le changement d’appellation est symbolique et ne signifie pas que l’on change ipso facto de format.
En effet, à l’image de cette prise de position de l’Union Europeenne, tous les partenaires de l’Afrique avaient toujours appelé et œuvré de par le passé, pour la non participation d’une entité qu’ils ne reconnaissent et qui plus est, n’a aucune existence légale et d’ailleurs non reconnue par l’ONU, la Ligue Arabe, l’OCI et même par le Mouvement des Non Alignés.
A titre de rappel, les 2/3 des 55 Etats africains (soient 36 pays) parmi lesquels la Guinée et la Cote d’Ivoire, pays hôte du sommet, ne reconnaissent pas la RASD.
De toute évidence, ce dossier de la ‘’RASD’’ s’il n’est pas réglé (à temps avec courage et responsabilité) par les dirigeants africains, risque de jeter une ombre au tableau de ce grand sommet et par extension de produire un précédent fâcheux, source de dissension au sein de l’UA quant à l’organisation des prochaines rencontres de ce type. Il faudra donc eviter une jurisprudence « Abidjan », et les sahraouis à leur place !… c’est-à-dire, dans les provinces sud marocaines afin d’en finir avec cette aberration d’un prétendu Etat en carton ‘’la République de Tindouf’’ qui, depuis 40 ans, ne repose que sur du sable mouvant.
A l’heure des grands ensembles politiques et économiques, où l’Espagne refuse (à raison) à la Catalogne ses velléités d’indépendance ; surtout en cette période critique où l’effritement des Etats fragiles du continent noir est un danger pour leurs intégrités, l’UA doit à tout prix, une fois pour toute, au risque trainer longtemps ‘’ce boulet’’ au préjudice de sa stabilité, œuvrer pour le retour du Sahara occidental dans le grand ensemble naturel du Maroc.
Ibrahima Ahmed Barry journaliste Consultant.