Cette semaine, le volet recettes du projet de loi de finances initiale 2018 a été adopté par l’Assemblée nationale. Malgré la détaxation du gaz et le renversement de 5% de plus du revenu de la Taxe Unique sur les Véhicules (vignette) aux collectivités, il est demandé à la Direction Nationale des Impôt de mobiliser 7 mille milliards de francs guinéens.
L’administration fiscale pourra-t-elle relever ce défi ?
Au sortir de l’hémicycle, où il était allé accompagner le ministre du Budget, avec qui il entretient une complicité visiblement parfaite, le Directeur National des Impôts (Dni), Aboubacar Makissa Camara, a accepté de se confier à nous.
Lisez !
Des objectifs de recettes sont assignés aux différentes régies financières de l’Etat. La DNI que vous dirigez, occupe la tête de liste. Estimez-vous être en mesure d’atteindre ces objectifs ?
Je vais vous dire que c’est une position que la DNI s’est assignée depuis février 2016, celle de contribuer à la mobilisation accrue et au renforcement de la sécurisation des recettes.
Vous voyez que de loin, la DNI occupe la tête en termes de prévision de recettes. Cette volonté traduite par notre administration, mais aussi par les ministères techniques des finances qui nous encadrent et qui nous appuient, traduit également l’engagement des cadres de l’administration fiscale mais également, tout le cabinet du ministre du Budget, à accompagner l’Etat et aussi à accompagner le peuple de Guinée dans la résolution des problèmes essentiels qui assaillent la vie de notre nation.
Le développement ne saurait être effectif que lorsque les recettes sont mobilisées. C’est pourquoi, nous sommes engagés pour que ces recettes soient d’abord bien définies mais aussi mobilisées.
En 2016, on a pu atteindre les prévisions, avec les moyens de bord. En 2017, il nous reste environ 530 milliards à collecter pour atteindre les objectifs.
En 2018, nous sommes à 70 mille milliards et demi de prévision, j’espère qu’avec tout ce que l’administration fiscale développe comme reformes et également comme mesures de gestion, nous parviendrons à atteindre ces prévisions. Parce que notre engagement, c’est d’accompagner la Guinée et l’Etat.
L’un des points importants de ce document présenté par le ministère du Budget, c’est La détaxation du gaz. Est-ce que ça ne va pas jouer sur vos capacités de mobilisation ?
Non, pas du tout ! Parce que la politique fiscale doit aussi se traduire par le retour qu’il faut avoir sur le panier de la ménagère. Comparée à d’autres pays où le gaz est importé en quantité, la Guinée n’importe qu’un faible taux de ce gaz domestique.
Nous voulons aussi penser aux ménages, renforcer les capacités des ménages, mais aussi, contribuer à l’accroissement ou à l’amélioration du revenu par tête d’habitant.
Exonérer donc le gaz domestique, c’est un retour formidable que nous adressons à la population mais aussi à tous ceux qui consomment le gaz domestique. Et aussi, inciter la population à utiliser ces gaz, que de contribuer à la coupe des bois qui va certainement affecter l’écosystème et aussi détériorer notre environnement.
Il a été également question de la répartition des montants générés à partir de la taxe sur les véhicules. Qu’est-ce qui a changé à ce niveau ?
Evidemment, en ce qui concerne la répartition du produit sur les vignettes des véhicules, on a pu faire une ponction sur la part qui revenait à l’Etat, qui était de 40% où on a enlevé 5% pour rajouter sur la part des collectivités pour permettre à celles-ci de disposer les moyens de leur politique pour soutenir non seulement des projets locaux tout ce qu’il est contenu local. Et aussi permettre aux entrepreneurs locaux à la base de participer au développement par le biais de leurs collectivités. On ne peut pas traduire la volonté ou la politique de l’Etat sans les moyens qui l’accompagnent.
La fiscalité voudrait être un instrument de renforcement des collectivités et de leurs capacités à répondre aux vraies questions de développement pour permettre à l’Etat de justifier sa légitimé auprès de ses populations.
Entretien réalisé par Thierno Amadou M’Bonet Camara