La Guinée s’achemine vers la ténue des élections locales qui vont marquer l’aboutissement du long processus de démocratisation enclenché depuis 2010 au lendemain des accords de Ouagadougou.
Si le guinéen lambda peut pousser un ouf de soulagement grâce à l’espoir qui lui est offert de choisir librement ses dirigeants à la base, les élections locales en vue sont en train de sceller définitivement la mort prématurée de certaines plate-formes dites de la société civile notamment le CNOSC-G et la PCUD.
D’abord il est important de le rappeler pour ceux qui sont atteints de shizophremie et du syndrome d’alzeimer que les élections locales sont par essence des élections citoyennes, donc censées se dérouler en dehors du champ politique.
Or, depuis la signature des accords du 12 Octobre 2016 auxquels le CNOSC-G et la CONASOC ont été associés même si elles ont affirmé avoir approuvé les conclusions sous réserve (chose qui n’existe nullement en droit donc une pure invention galiléenne), l’opinion s’est rendue compte que les quelques plate-formes de la société civile n’existent que par le nom et peuvent à tout moment monnayer les droits civiques pour des raisons obscures.
N’eut-été le combat incarné par le Dr Faya Millimouno en réussissant à constituer un front national pour la défense des droits des citoyens, ces accords seraient passés comme une lettre à la poste à l’assemblée nationale.
Grâce à son travail de communication et d’information à l’endroit des citoyens, l’opinion s’est rendue compte du caractère dangereux de ces accords malgré l’adoption du code électoral amendé pour des raisons politiques.
Aussi, j’affirme haut et fort que c’est le front qui a rédigé le projet de recours en inconstitutionnalité qui a été transmis à l’Institution Nationale Indépendante des Droits Humains qui, voulant faire de la publicité à d’autres plate-formes a inséré les noms de celles-ci.
Aujourd’hui, il est temps de reconnaître avec modestie et sans excès de zèle que les plate-formes de la société civile guinénne sont en train d’assister vainement et impuissament à leur disparition.
Quel gâchis humain (bilan des tueries de janvier-février 2007) et financier (bilan de tous les programmes développés en direction des populations) ?
Après avoir échoué dans son combat d’opposition contre le point 2 de l’accord du 12 octobre 20016 (à cause de ses divisions et autres querelles intestines) , la société civile, au lieu de se battre pour présenter des listes de candidatures indépendantes au niveau de toutes les collectivités pour éviter leur politisation (comme cela fut son argument il y a quelques mois) est en train de devenir un véritable pourvoyeur de potentiels candidats aux partis politiques de masse notamment l’UFDG où les choses sont aussi claires.
Qui pouvait imaginer un tel scénario entre l’UFDG et le CNOSC-G quand on se rappelle les propos et invectives ténus contre cette plate-forme par les deux lieutenants de Cellou Dalein notamment Fodé Oussou et Ousmane Gaoual Diallo (qui ne sont honorables que pour leur pharmacie et bande de loubards) ?
On nous parlera de démission préalable avant l’inscription sur les listes des partis politiques mais de qui se moque-t-on ?
Aujourd’hui, l’histoire donne raison à ceux qui ont toujours affirmé haut et fort qu’il est temps de reconnaître que les plate-formes en cours ont atteint leurs apogées en abdiquant à leur principale mission qui est celle de défendre le citoyen en usant des moyens légaux dont entre autres les élections.
A cette allure, il ne sert en rien d’appliquer la politique de la reconversion car l’hyène reste toujours hyène.
Je suis déçu du bilan macabre et honteux des plate-formes de la société civile existantes car elles ne peuvent même pas fabriquer des leaders locaux qui peuvent rivaliser avec les politiques dans les 342 circonscriptions électorales (si je mens qu’on me contredise dans les prochains jours).
J’ose croire que si vous refusez de prendre part à ces élections ou de parrainer des candidatures, vous vous abstiendrez au moins de les observer pour permettre aux partenaires financiers d’économiser de l’argent.
Alpha Condé avait promis de tuer l’opposition en Guinée, je suis convaincu que la société civile disparaîtra en premier pour ne pas dire qu’elle a disparu.
Je clos cette tribune en affirmant que le temps est le meilleur juge et tout porte à croire que les précurseurs du combat citoyen en Guinée se sont battus en vain car, comme le dit un adage, quand un baobab tombe, ce sont les champignons qui vont pousser.
Mamadou Boussouriou Diallo
Activiste des droits humains
Tél : 00224 622 61 71 06