Les deux principaux partis politiques de Côte d’Ivoire, qui constituent le RHDP, iront-ils aux futures élections locales séparément ? Les états-majors du PDCI d’Henri Konan Bédié et du RDR d’Alassane Ouattara se préparent à cette éventualité.
Depuis l’extrême-nord de la Côte d’ivoire, Bruno Nabagné Koné, vice-président du RDR [Rassemblement des républicains], a été on ne peut plus clair sur la question. Devant des militants de base sortis nombreux écouter le message de la haute direction de leur parti, samedi 3 février 2018, le porte-parole du gouvernement a indiqué que « quel que soit le cas de figure, le RDR souhaite rester le premier parti de la région de la Bagoué et de la Côte d’Ivoire ». Et Koné de préciser : « Nous nous préparons à aller au parti unifié comme le demande notre président d’honneur, le président Alassane Ouattara et, en même temps, nous nous préparons à l’hypothèse où nous pourrions être obligés d’aller [aux élections] en tant que RDR. Là aussi, nous nous préparons à être efficaces, à gagner là où il le faut, pour demeurer le premier parti de Côte d’Ivoire ».
Autre lieu, autre parti politique, même date et même message. À Abidjan, dans la commune de Marcory, le maire Raoul Aby, également membre du bureau politique du PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire], a clairement laissé entendre à ses troupes, réunies pour lancer sa pré-campagne municipale, qu’elles devraient se préparer à aller à ce scrutin sans leurs alliés du RDR. « Soyons prêts à toutes les éventualités, à toutes les hypothèses », a-t-il prévenu. Comme pour nuancer ses propos, et confirmer que l’idée d’un parti unifié n’est pas encore totalement écartée, Aby, tout comme Koné, a rappelé que le PDCI et le RDR doivent « gouverner ensemble, dans le cadre du RHDP » [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, mouvance présidentielle].
La présidentielle dans la ligne de mire
Pour de nombreux responsables du PDCI, l’enjeu de ces élections locales de 2018 (dont la date précise reste un mystère) demeure la préparation de l’élection présidentielle de 2020, pour laquelle ils souhaitent « une alternance au profit d’un cadre issu du PDCI », conformément à l’appel de Bédié à Daoukro, en septembre 2014.
Ces calculs politiques des deux grands partis politiques de la mouvance présidentielle interviennent au moment où les travaux du comité de haut niveau, présidé par le vice-président Daniel Kablan Duncan, en vue de la création d’un futur parti unifié des houphouétistes, sont gelés et que le Front populaire ivoirien (FPI de Laurent Gbagbo) tente un rapprochement avec le PDCI. Fin 2017, Jean-Louis Billon, l’un des porte-paroles du PDCI avait déclaré que le parti unifié n’était pas la priorité de son parti. « Pour l’instant, nous nous concentrons sur les prochaines élections », avait-il ajouté.
Au sein des deux partis, les responsables qui militent encore pour l’unification ne désespèrent pas pour autant. « Au RDR, nous pensons qu’au-delà de tous les débats, pour que nos enfants et nos petits-enfants vivent dans la paix, il faut un rassemblement des enfants de Félix Houphouët-Boigny, explique Mamadou Touré, secrétaire général délégué du RDR. Et le rassemblement des enfants d’Houphouët-Boigny, c’est le RHDP ».
Jeune Afrique