La destitution du Président de la Cour constitutionnelle par huit conseillers frondeurs, ne semble pas gagner l’adhésion de l’opinion publique. La liaison que beaucoup font entre cette crise et le courageux discours anti-révisionniste de Kéléfa Sall lors de la prestation de serment du président Condé, ne semble pas non plus faire l’unanimité. Cette semaine, nous avons eu un entretien avec l’honorable Amadou Damaro Camara. Avec le chef de la majorité parlemantaire, nous avons évoqué ce sujet sensible.
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Mosaiqueguinee.com : l’association guinéenne de droit constitutionnel, présidée par le Prof Maurice Zogbélémou, estime entre autres que la procédure de destitution de Kéléfa Sall, président de la Cour constitutionnelle, est entassée d’irrégularités. Avez-vous la même lecture ?
Honorable Amadou Damaro Camara :je ne suis pas constitutionnaliste, je ne suis même pas un homme de droit. J’avoue que j’ai été surpris par cette façon de faire des collègues de Kéléfa Sall. Je crois que nous devons tous travailler au renforcement de nos institutions. Nous ne pouvons pas jouer avec nos institutions selon nos humeurs.
Ce qui s’est passé à la CENI était un mauvais présage, voilà encore ce qui se passe à la Cour Constitutionnelle. Et peut être que c’est une autre institution dont les membres ne seront pas contents un jour et qui vont vouloir se débarrasser de leur président, ça ne se passe pas comme ça.
Mosaiqueguinee.com :beaucoup, pensant à une vengeance du palais, ont lié ces ennuis au courageux discours de Kéléfa Sall le jour de la prestation de serment du Président de la République à qui il a demandé de ne pas suivre les sirènes révisionnistes.
Honorable Amadou Damaro Camara :mais si à la Cour constitutionnelle, Alpha Condé peut manipuler huit conseillers sur dix, il n’a pas à s’inquiéter de Kéléfa Sall parce que ce n’est pas ce dernier qui rend les arrêts, c’est par vote.
Mosaiqueguinee.com : comment comprenez-vous alors le silence du Chef de l’Etat face à cette crise ?
Honorable Amadou Damaro Camara :c’est pour le respect des institutions. Le Président de la République ne dirige pas la Cour constitutionnelle.
Mosaiqueguinee.com :pourtant, pour le cas de la CENI, il avait reçu les commissaires frondeurs et le président contesté.
Honorable Amadou Damaro Camara :en tant que garant de la Constitution, il peut recevoir n’importe quelle institution.
Mosaiqueguinee.com : pourquoi alors ne recevrait-il pas ceux de la Cour constitutionnelle ?
Honorable Amadou Damaro Camara :il l’a fait, il les a reçus. Il les a reçus au préalable, il a reçu des rapports de leur part, il est le garant de la bonne marche des institutions. Il ne dicte rien à la Cour constitutionnelle, malgré les allégations.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara