26 mars 1984, 26 mars 2018, cela fait aujourd’hui 34 ans jour pour jour que disparaissait le premier Président guinéen Ahmed Sékou Touré.
Dans le cadre de la commémoration de la date de son décès, nos reporters sont allées à la rencontre du 3è garde du corps du père de l’indépendance guinéenne, ce dimanche, 25 mars 2018 à son domicile à Petit Simbaya.
Dans cet entretien à bâtons rompus, Elhadj Alhassane Koumbassa Sounka, âgé de 117 ans, de la compagnie spéciale de la sécurité présidentielle de Sékou Touré est à cœur ouvert. Il fait le tour d’horizon des sujets comme les réalisations de l’ex-président du PDG-RDA (Parti Démocratique de Guinée- Rassemblement Démocratique Africain), ce qu’il retient de l’homme du 28 septembre 1958 et la dictature dont il a fait montre pendant qu’il tenait les rênes du pays.
Lisez :
Mosaiqueguinée.com : Comment étiez-vous après la mort d’Ahmed Sékou Touré?
Alhassane Koumbassa : Quand ma femme m’a dit que Sékou est mort, malade dans mon lit, je n’en revenais pas, je me suis évanoui, j’étais stupéfait, ensuite on m’a envoyé à l’hôpital. Tout le monde était malade, on était fou.
Quand on ramenait son corps de Maroc pour Conakry, nous de la compagnie spéciale de la sécurité présidentielle attendions son corps depuis 4h du matin à l’aviation avec le colonel Conté à l’époque. Son cercueil était dans un camion de la marine que nous avons transporté de l’aviation à la présidence, jusqu’à la grande mosquée.
Mosaiqueguinée.com : qu’est-ce que vous retenez de l’ancien président guinéen?
Alhassane Koumbassa : Je ne vais jamais oublier Sékou Touré jusqu’à ma mort parce que je sais le combat et le travail qu’il a menés. Tous les combats qu’il a faits sont dans ma tête. Il a permis à la Guinée d’accéder à l’indépendance, il a construit la Guinée en des villes, il a élargi la capitale qui ne se limitait qu’à coleyah, il proposait quelques fois d’utiliser des bois sur les rivières pour que les véhicules puissent passer. C’est grâce à lui que l’occident a pu respecter les autres pays du monde. Il a aidé plusieurs pays du continent africain à se libérer du joug colonial. Nous ne l’oublierons pas à cause de son courage, son amour pour son pays et l’Afrique toute entière. Il aidait même certains à avoir des maisons, s’ils n’avaient pas les moyens.
Comment voyez-vous le pays depuis la mort de Sékou Touré ?
Les Guinéens ne sont plus respectés à l’étranger depuis sa mort, même les ambassadeurs qui sont des diplomates. Plus rien ne marche en Guinée.
Quelle lecture faites-vous de la politique appliquée par les différents présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat depuis la disparition d’Ahmed Sékou Touré?
Chacun a sa politique, chacun des dirigeants à sa manière de commander, chacun danse à sa manière. Après le feu Sékou Touré, Lansana Conté a pris le pouvoir, suivi de Dadis et de Konaté et maintenant, c’est autour du professeur Alpha Condé qui est en train de danser.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que le leader du PDG était un dictateur ?
Il n’était pas dictateur, il a plutôt souffert pour son peuple.
Pour preuve, il a nommé 46 ministres, des membres du bureau politique, des membres du comité central, des maires de communes, il y a l’Assemblée nationale, des secrétaires fédéraux,… la décentralisation était là donc. Il a même nommé des ambassadeurs parce qu’une seule personne ne peut pas rassembler toutes ces places.
Il y avait la justice avec ses tribunaux. Parfois même, quand le magistrat jugeait mal, à cause de cela, le président pouvait l’enlever à son poste et donnait raison à celui qui la méritait. Il a donc plutôt souffert pour son peuple.
Entretien réalisé par Marly Sall et Aissata Barry