Cette chronique intitulée Les puanteurs de Kabinet, est un nouveau programme de votre quotidien en ligne, Mosaiqueguinee.com. Chaque semaine, le politologue, Kabinet Fofana, qui suit bien l’actualité et connait l’échiquier politique du pays et ses acteurs, aborde un à deux sujets qui attiré l’attention des médias.
Comme il l’a dit dans le mail à travers lequel il nous a fait cette brillante proposition, ce n’est pas un article de presse, c’est une analyse, un peu différente du traitement journalistique.
Bonne lecture…
Si jusqu’ici, Alpha Condé avait su déjouer les pronostics et les attentes dans la désignation de ses premiers ministres, cette fois, celle de Kassory Fofana n’a pas été ce secret de polichinelle, tout ce qui a précédé depuis l’annonce de la démission du gouvernement de Mamady Youla, a laissé plus d’un, à s’en convaincre. Alors à quoi consisterait la partition du désormais Monsieur le premier ministre Kassory, qu’est ce qui lui a valu tant ce qu’on pourrait appeler par casse ?
Dans la perspective de la présidentielle prochaine, prévue, normalement en 2020, le RPG plus que déterminé à s’adjuger la continuité, et doublement conscient de la crise de personnages et le dilemme qui sont les siens quant à la capacité de son prochain candidat à tenir en mal l’UFDG, qui semble être située sur l’inévitable candidature de son éternel Cellou Dalein Diallo, se devait de reconsidérer ce problème, parce qu’il en était bien une situation qui l’apeurait : Alpha céderait au profit de Kassory Fofana en 2020 parce qu’il présente à peu près le même profil que Cellou Dalein Diallo, même s’ils souffrent tous les deux d’ailleurs, des mêmes insuffisances.
Si le RPG d’Alpha se fixe l’inédit objectif de s’offrir un plébiscite en 2020, le nouveau Premier ministre devra composer avec des collaborateurs à même de sauver les meubles pour les deux prochains ans. Cela passe en première instance, par efficacement trouver des réponses politiques sérieuses à la grogne sociale, mais et surtout, travailler à la consolidation du dialogue politique et sociale, notamment l’épineuse question du contentieux autour des communales.
Assurément, et disant de lui qu’il s’y connait mieux à l’administration pour y être resté longtemps, serait d’un atout puisque nombre de cadres, depuis la démission de l’autre gouvernement, lui semblent faire allégeance et c’est ce qui aurait même aidé à l’unanimisme quant à son choix au sein du RPG.
Est-ce que c’en est autant une garantie pour répondre aux sollicitations les plus légitimes d’une population qui ne semble pas sentir les effets positifs d’une dynamique économique tant vantée par celui qui conduit la politique générale du gouvernement. Aussi, comment saura-t-il rallier à sa cause cette frange rétive à son sacre et à sa fulgurante ascension aussi bien au niveau de l’opposition qu’au sein d’un parti politique qui connait, rappelons-le, des militants des lustres.
Par delà la relative représentativité de son parti politique, qui, à la présidentielle de 2010, ne fut crédité seulement que de 0,66% des suffrages, le dividende politique du personnage reste intimement lié à une trajectoire personnelle qui est sans doute liée d’une manière générale, à la nature des institutions politiques en Afrique foncièrement dominées par des dynamiques personnelles, déterminées très bien souvent par un contexte politique s’y prêtant.
Les partis politiques sont des institutions qui ne s’inscrivent point dans une perspective pérenne et moins sont ceux qui promeuvent l’émergence de nouvelles élites.
Kabinet Fofana, Président de l’Association Guinéenne de Sciences Politiques