Les weekends comme les jours ouvrables, des enfants mendiants sont amassés sur le grand pont de Madina, où traversent les engins roulants et usagers de la route.
Ce sont des filles et parfois des garçons omni-présents à cet endroit de la ville. Ils viennent y mendier, obligés qu’ils sont.
Suivant le rodéo urbain, ils précipitent leurs mains aux fenêtres des véhicules, pour solliciter un petit geste de solidarité.
C’est le cas de cette fille rencontrée sur ce pont par notre reporter. Elle compte et recompte des billets de 500 francs dans ses mains.
Pour cette fille, ce n’est pas encore suffisant, elle a peur de rentrer les mains nues. « Fi Sabililllahi (sur le chemin d’Allah) » scande-t-elle sans cesse, en barrant la route aux passants sur ce pont. Et pas seulement elle.
Cette autre fille méconnue des passants vient du Niger, un pays d’Afrique de l’Ouest d’où proviennent régulièrement des jeunes garçons et filles pour s’en remettre à la mendicité au grand marché Madina.
Accompagnés par deux garçons pour la même cause, elle s’en prend tendrement aux passants sur le pont avec ses amis.
« Trois enfants peuvent te prendre la main pour réclamer de l’argent, et tu ne peux pas satisfaire tout le monde, parfois tu es dans l’embarras de choix », témoigne Ousmane Barry, de passage sur ce grand pont après avoir glissé quelques billets à l’une des filles.
Ces enfants contraints à la mendicité son toujours plus nombreux sur ce pont, tout comme des mères de familles qui font de leurs enfants albinos une source de revenu sur ce pont.
« Les albinos vous saluent », entonne une mère mendiante aux abords du pont, et qui requiert l’anonymat.
Les deux enfants albinos qu’elle porte dans les bras attirent parfois l’attention des passants.
« Ce sont des enfants qui devaient être à la maison au lieu de rester sous les rayons du soleil. Mais malheureusement leur mère les utilise comme si être albinos est un handicap », s’et désolé un policier de la routière qui facilite la fluidité des engins roulants sur le pont.
Plusieurs parmi eux sont exposés aux risques d’accidents sur cet échangeur. Non sans oublier le risque de vol d’enfants mendiants.
« Ils suffit de tendre de l’argent pour que ces filles te suivent, et facilement elles s’exposent aux voleurs d’enfants », prévient le même policier de la routière, sifflet en main.
Interrogés sur le motif de leur présence aux abords du pont, quelques enfants aux ventre ballonnés, n’en pipent mot devant leurs mères.
Comme pour dire que la mendicité chez les enfants sur le pont Madina, a encore de beaux jour devant elle.
Saidou Barry