Depuis plus de 6 ans, 58 travailleurs, y compris les syndicalistes de l’usine d’alumine de Friguia, sont « exclus » par leur direction générale qui leur reprocherait d’être à l’origine des grèves successives ayant conduit à la fermeture de la raffinerie, le 4 avril 2012.
Près de trois mois après la relance officielle des activités de production de l’usine, plusieurs parmi cette catégorie de travailleurs, se sentent de plus en plus délaissés et ignorés par leur employeur, Rusal, qui refuse de les rappeler.
Abandonnés à leur propre sort, sans revenu et non assistés à l’image des familles et veuves des travailleurs décédés, ces travailleurs comptent désormais ester en justice contre le géant minier russe, Rusky Alumini, afin que leurs droits soient rétablis, témoigne Abdoul Wahab Soumah, un des nombreux ouvriers « omis ».
« Je suis déçu comme vous pouvez le constater. Depuis la fermeture de l’usine d’alumine de Friguia au mois d’avril 2012, une soixantaine de travailleurs sont oubliés, à qui l’on imputerait la responsabilité de l’arrêt de l’usine sans pour autant leur signifier officiellement de quoi on leur reproche. Je crois que le droit naturel pour tout accusé, c’est bien d’avoir des voies de défense et ce n’est malheureusement pas le cas. Personne ne sait pourquoi on lui en veut. Nous avons déjà démarché auprès de l’État à travers l’ex ministre du travail, Albert Damantang Camara. Nous allons, si la situation ne change pas, ester en justice auprès des juridictions du pays pour que justice soit faite », a-t-il affirmé, visiblement marqué par toutes ces années de crise
Ce sentiment, il est aussi partagé par le collège syndical de l’Entreprise pendant la grève.
« Nous avons beaucoup et longtemps démarché auprès des autorités guinéennes à presque tous les niveaux. En font foi, plusieurs courriers et mémorandums, toujours rien par rapport à notre affaire qui continue de pourrir. Un protocole d’accord en date du 6 janvier 2015, a même été trouvé entre le gouvernement et les syndicats. Celui-ci portait sur des contentieux sociaux professionnels de Friguia en plus de la Sotelgui et Ferallux. Dans ce document, le gouvernement invitait officiellement Rusal-Friguia à régulariser dans les meilleurs délais, la situation des 58 travailleurs exclus par elle de l’aide financière convenue lors de l’accord de Paris. Or, depuis cet accord, rien n’a filtré et les syndicalistes et les travailleurs omis, poursuivent leurs difficultés. Nous continuons nos démarches administratives et tous les moyens de médiation possible. Le dernier recours sera la voie judiciaire pour que nous soyons réintégrés et que le droit soit dit puisqu’on n’aura plus d’autres options », a déploré B.K, un des syndicalistes exclus.
Quant à la direction générale de Rusal-Friguia et sa représentation sise à Conakry, c’est toujours silence radio.
Interdiction formelle, nous dit-on, de communiquer autour de ce dossier, devenu gênant pour les responsables de la première unité d’alumine en terre africaine.
Ci-dessous quelques extraits de la copie du protocole d’accord réglant le contentieux socioprofessionnel entre la Société Rusal-Friguia et ses travailleurs exclus.
De Fria, Abdoulay GV