Sous la direction de la Radio France Internationale et de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, ce 25 Septembre, il a été rendu public un document inédit intitulé « Mémoire Collective ».
Celui-ci est une esquisse prospective de l’histoire politique récente de la Guinée. Il tente de manière épistémologique d’interroger des acteurs sociaux et politiques de la Guinée.
La démarche concilie de même la lecture de journalistes, de sociologues ou encore de politologues.
L’objectif de ce billet n’est pas de se prononcer sur la pertinence de la méthodologie utilisée encore moins de se prononcer sur sa validité.
Par contre, quant à la nécessité de mener une telle recherche, là-dessus, l’affirmative s’impose. Il est question d’appréhender et de comprendre les réactions d’internautes, qui n’ont, comme à l’accoutumé, pas tardé.
Des statuts et des prises de position, n’ont de cesse fait la UNE sur Facebook, si bien qu’ils ont subtilement ravi la vedette aux intrépides et dissonantes joutes, incessamment dominantes qui soient en lien avec les querelles politiciennes. L’histoire de notre pays est ainsi la vedette de la Radio du monde.
A la lecture de ces différentes publications aussi antinomiques que passionnantes, un premier ressenti se dégage. C’est exactement que les guinéens restent toujours divisés relativement à l’histoire politique de la Guinée, autant sur le rôle des acteurs que sur la question de la violence d’Etat.
Les divergences sont surtout précises quand il est question de se prononcer sur la gestion des différents présidents qui ont gouverné. En l’occurrence sur l’énigmatique Sékou Touré.
Cette posture bien qu’elle ne soit pas nouvelle, et qui se dégage dans les prises de positions des uns et des autres, il reste tout de même une nouveauté que nombre d’entre eux, ne trouvent pas d’un bon œil, que ce soient des institutions étrangères qui se penchent sur notre histoire.
Ces premiers trouvant la démarche paternaliste et accusent une volonté de tronquer l’histoire. Cet ordre de vue est indubitablement et intimement lié à un imaginaire largement partagé soutenant la volonté de la France de toujours et de tout le temps présenter Sékou Touré sous de mauvais jours.
La FIDH et RFI dans ce cas, sont perçues donc comme partisanes et porteuses d’un point de vue impérialiste. Mais en même temps, ils sont ceux-là qui estiment par contre qu’au vu de la forte divergence des guinéens, une initiative conduite par des auteurs qui ne soient pas guinéens, est la meilleure approche parce qu’exempte de tout soupçon.
Sauf que le clivage de notre société politique, est tel que nous avons du mal à nous retrouver autour d’aucune démarche fut-elle transversale et scientifique. Cela est également lié à la place qu’occupe la recherche dans un pays où le livre et la lecture sont le cadet des préoccupations des citoyens.
Aussi discutable que soit ce livre, il a au moins la vertu de relancer le débat du vécu de notre politique et questionne l’avenir.
On semble par exemple, se concilier que Zégbéla Pivi Togba, Samory Touré ou encore Alpha Yaya Diallo, sont des figures emblématiques autour des quelles sommes tous unanimes quant à leur éloquent et héroïque apport dans la résistance contre l’étranger. Cela voudrait dire qu’avec de la lucidité et du recul, on ne pourrait sans doute aucun, trouver un modus vivendi qui nous unit tous.
En deuxième aspect, c’est la résistance dont fait sacrément montre l’image corporate de Sékou Touré. Dans une société où ceux qui ont vécu au temps de l’homme, sont en moyenne, moindrement représentés actuellement par rapport à ceux qui ne vécurent la révolution, cela est fort inédit. Est- ce qu’autant dire que la nouvelle génération s’intéresse à notre histoire ?
Il a d’ailleurs, récemment été prouvé qu’il constitue une motivation de vote, un produit de grande marque. Cependant, invoquer l’histoire de ce pays, c’est sans doute croiser toutes les sensibilités.
Donc la démarche « Mémoire Collective » quoiqu’elle soit une revue de ce qu’on sait déjà ou tentant par le biais d’une approche qui se veut scientifique de questionner l’histoire de ce pays, elle n’est pas exempte de critiques et de divergences.
Celles-ci ne sont pas tout à fait uniquement liées à Sekou Touré, à Lansana Conté ou à Dadis Camara encore moins à Alpha Condé. C’est plutôt la conséquence de la déconvenue poussée d’une société qui n’a plus rien comme patrimoine national. Tous nos personnages sont si questionnables à tel point que s’y aventurer, on essuierait des critiques les plus sarcastiques.
Pourtant, toutes les sociétés du monde, ont accepté de s’entendre autour de ce qu’ils ont de plus général et consensuel. Or, nous, nous ne sommes pas prompts, pour le moment à consentir ces sacrifices. Cette entreprise doit être inéluctablement inspirée par des chercheurs les plus illuminés.
« Les Gaulois sont nos ancêtres », est une acceptation de toute la société française.
Aucun historien, encore moins plus largement, intellectuel, n’oserait s’aventurer dans une recherche anthropologique mise en énigme de cette assertion qui constitue en fait, ce que toute une société, pourtant bien aussi diversifiée, a de plus général et de rassembleur.
Kabinet Fofana
Politologue