Cette question, beaucoup de Guinéens se la posent aujourd’hui, tout comme hier, et elle continue d’ailleurs de polariser les débats à Conakry. Et Navarre.
Eu égard à la recrudescence de la violence en Guinée, laquelle est doublée de la grande criminalité sans précédent.
Les tenants du port d’arme légale, avancent, non sans raison, des arguments liés aux mesures de sécurité personnelle, que chacun se doit d’assurer face aux cas d’extrême urgence d’attaques à main armée, de coupeurs de route, des malfrats qui rendent des visites commandos, et inopinées, parfois nuitamment, quelques fois même, en pleine journée, à des paisibles citoyens, lesquels se font dilapider leurs biens qu’ils ont amassés dans la douleur, la patience, durant des années et des années. A peine, s’ils en sortent indemne.
Ce phénomène atteint une proportion aussi inquiétante que, même les hommes en tenues, n’en sont pas épargnés. Ceux-là mêmes qui ont reçu l’autorisation officielle du port d’armes. Et qui ont reçu la formation requise dans l’art de manier des armes.
L’on se rappelle d’ailleurs aujourd’hui, comme si c’était d’hier, de l’assassinat du commissaire Pascal Bangoura, parmi tant d’autres, qui est, si l’on s’y autorisait, un exemple palpable.
Sans compter, pour ne parler que des personnalités au front célèbre, du cas de Aissatou Boiro, alors directrice nationale du Trésor, fauchée par balle dans sa voiture, par des inconnus armés au beau milieu de la chaussée, alors qu’elle tentait de rallier son domicile. De retour du boulot.
La liste est longue, mais arrêtons-nous seulement à l’assassinat de Thierno Aliou Diaouné, ancien ministre des sports, qui a été également précipité dans le précipice, à un endroit similaire et, à peu près, dans les mêmes circonstances.
Il est évident que certains citoyens, victimes de cas malheureux d’attaques de malfrats, commencent à anticiper sur les choses, pour s’autoriser le port d’arme, fut-elle, de fabrication locale, pour leur autodéfense.
Car, cette semaine, les autorités en charge de la sécurité, ont présenté un jeune hommes aux médias, lequel aurait été appréhendé, portant sur lui, une arme de fabrication locale.
De l’aveu même du contrôleur général de la police, Sékouba Mara, ceci est loin d’être un cas isolé. Ce jeune qui s’en serait servie, à Mamou, l’aurait fait pour assurer sa sécurité personnelle. Ayant eu maille à partir avec les bandits, par deux fois, et qui ont fini par emporter sa moto.
De cette dernière opération, le jeune homme se serait sauvé de justesse des assaillants, qui voulaient en finir avec lui. Pour ne laisser, sans doute, aucune trace de leur forfaiture.
De pareilles cas sont innombrables aussi bien à Conakry, qu’à l’arrière-pays.
Sékouba Mara, ajoute par ailleurs qu’un autre jeune homme avait été, par le passé pris, alors qu’il portait une arme similaire qui, lui aussi, s’en serait servie à Mamou.
Comme pour dire que, d’ores et déjà, les autorités sécuritaires n’ignorent point les cas de port d’armes non autorisés. Ou bien légalisés.
Les mêmes autorités ne pointent si souvent pas, lors des manifestations politiques de l’opposition, des manifestants qui s’y infiltreraient pour tirer sur d’autres manifestations. Histoire, dit-on, de faire porter le chapeau aux agents de maintien d’ordre.
Mais, dans un contexte d’insécurité et de violences, auxquels, les Guinéens commencent d’ailleurs à prendre goût, légaliser le port d’arme ne donnerait-il pas la caution aux malfrats de commettre leur sale besogne sans crier gare ? Et d’assoir une certaine autorité dans les zones où ils opèrent ? Notre ambition ici n’est pas de répondre à ces questions, mais plutôt, partager avec nos lecteurs, des éléments de réflexions, ci-dessous.
Dans un cas où dans l’autre, disons au demeurant que, face à l’insécurité grandissante dans la cité, il revient à l’Eta de trouver la formule adéquate pour que les citoyens ne continuent pas toujours d’en pâtir.
En tout cas, la vie de Guinéens, épris de paix et de justice, en dépend. Forcément !
Youssouf Diallo