Pour se sauver, les syndicats feraient mieux de sortir de la logique du passé socialiste de la Guinée et d’adapter le libéralisme.
Les grèves de ces derniers mois en Guinée montrent que le syndicalisme dans le secteur public, bien loin de ses prérogatives historiques (importantes et légitimes), est devenue un syndicalisme populiste au sens propre du terme.
Prenons d’abord une définition simple du « populisme ».
Dans son acception générale d’aujourd’hui, le mot populisme désigne une approche politique qui oppose le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques. Ce populisme est entretenu à dessein de façon plus ou moins opaque par le monde politique. J’entends d’ici les cris d’orfraies : « entendez-vous et donner leur un peu ! ».
Pour certains, il est devenu clair que critiquer les actions des syndicats, c’est forcément justifier les mauvaises pratiques des gouvernants.
Un peu comme si les syndiqués étaient les seuls qui ont droit aux redistributions des richesses de notre pays. N’importe quel analyste sérieux se souviendra que nous avons été embarqués par ces mêmes syndicalistes depuis 2007 pour n’obtenir à la fin des négociations que l’amélioration de leurs conditions de vies à eux, qui atteignent à peine 200 000 ( deux cents milles) guinéens sur les 12 000 000 (douze millions) que nous sommes.
Alors que faisons-nous des chômeurs ; des agriculteurs ; des paysans ; des artisans et toutes les couches démunies de ce pays ?
Nos syndicats ont toutes les caractéristiques des partis politiques :
- Structuration de l’organisation qui suppose un engagement réciproque de ses membres et un certain nombre de règles internes.
- Un ancrage territorial. Ainsi tout en ayant des activités internationales, les politiques cherchent à garder des liens sur leurs territoires d’origine.
- La coexistence entre les activités légales et les coups bas en eux pour avoir le contrôle des organisations avec des objectifs inavoués.
- Le lien avec les classes politiques et les institutions, à l’échelle nationale.
Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources. Elle arrive dans certains cas à agir en toute impunité parce qu’elle monnaie son soutien à la classe politique à travers l’influence qu’elle exerce sur la société.
Il faut sauver le soldat syndicat
Au fond, tout cela est dommage. Les syndicats ont un vrai rôle à jouer dans une société.
En principe, ils devraient, ainsi que le défendait Bastiat, le grand penseur libéral français du 19ème siècle, pouvoir permettre aux travailleurs de s’organiser en groupes afin de porter leur voix dans leurs entreprises ou dans la société.
Le droit de s’associer, de faire coalition et de se défendre est en effet un droit libéral de la plus haute importance.
Le rôle des syndicats est important, personne ne peut le nier, mais il est aujourd’hui fortement dévoyé.
Ces organisations sont passées hélas ; de la défense des travailleurs, à un mouvement populiste, qui flirte ou verse carrément dans l’illégalité, donc une organisation opaque et oppressante.
Avec ça, le désamour et la méfiance vis-à-vis des syndicats grandissent, et de plus en plus de voix s’élèvent contre eux.
Pour se sauver, les syndicats feraient mieux de s’inspirer du libéralisme, et d’accepter, en plus de leur liberté qui menace l’équilibre économique et la stabilité sociale , la responsabilité de leurs actes en sortant de leur logique mafieuse.
C’est seulement lorsque leurs actions seront modérées par la responsabilité qu’ils retrouveront qu’ils mériteront la légitimité qu’on leur colle au gré des obédiences ultras politiques.
Tout syndicat responsable défend d’abord le travail avant le travailleur, avaler donc votre fierté pour permettre aux enseignants de faire vivre leurs enfants dignement en exerçant le noble métier qu’ils ont choisis.
Amadou Kaba