C’est du moins le constat que la rédaction de mosaiqueguinee.com, a été amenée à faire, dans le Kakandé, cette semaine.
En effet, dans le district de Kolia Sanamatö, peuplé de 800. 000 habitants, relevant de la sous-préfecture de Bintimodia, dans un petit village appelé fonfö, l’on rencontre, à foison, les bucherons qui usent et abusent, tous à la fois, de la coupe des bois. Sans relâche !!!
Dans cette localité située à 18 km de la sous-préfecture de Kolaboui, on abat les fromagers géants, comme on le ferait avec des bœufs, à l’abattoir.
Ce sont les grondements assourdissants des machines à fendre les bois, qui attirent l’attention de tout visiteur dans la localité.
En tout cas, la situation des contrées que nous avons sillonnées depuis le mardi 04 décembre, mériterait qu’on s’y attarde. Histoire d’appuyer fortement sur le bouton d’alarme.
Et de plancher ensuite sur ce qui tient lieu d’être appelé un fonds de commerce nuisible à l’environnement.
‘’ bas-fonds taris…’’
En témoignent les propos d’un habitant de la localité, DD. Selon qui, les effets néfastes de la coupe abusive des bois, se ressentent considérablement sur la santé de la faune, de la flore et tout l’écosystème de la localité.
« Dans les temps, nos bas-fonds où nous cultivons le riz et autres, étaient bien irrigués. Mais, aujourd’hui, cela n’est qu’un lointain souvenir. Ce qui a des conséquences négatives sur nos cultures », relate ce jeune cultivateur. Lequel ajoute que, s’ils pouvaient se permettre d’attendre jusqu’en janvier pour ensemencer, aujourd’hui, la situation est toute autre.
« Avant, on pouvait faire la semence du riz, notamment, sans pression de novembre jusqu’en janvier. Mais, aujourd’hui, Il faut se précipiter pour le faire au plus tard fin novembre. Après quoi, le risque devient grand que la moisson ne soit pas bonne. Faute d’insuffisance d’eau dans les bas-fonds pour bien irriguer les champs », déplore DD.
Mais, ce qui intrigue ici, c’est qu’en dépit du fait que tous les cultivateurs, ou presque, en ont bel et bien conscience, ils ne se privent toutefois pas de s’adonner à la déforestation.
Pourquoi ? « Pour joindre les deux bouts », répond AD, ajoutant, plaintif : « nous savons que la coupe des bois, est nuisible à la culture du riz et autres, mais on n’a pas le choix. Lorsqu’on nous fait une commande d’un fromager géant à couper, ça génère des profits. Chaque litre de carburant utilisé dans la machine avec laquelle nous travaillons, est facturée chez le boss à 35.000gnf. Imaginez, quand on consomme 20 litres par jour, ça me fait banalement 700.000gnf », narre AD, ajoutant que ce n’est pas tout « car, nous fendons ensuite cet arbre pour sortir des planches. Chaque planche est facturée entre 3500gnf et 7000gnf, selon la longueur. Et nous arrivons à fendre un nombre incalculable de planches par jour », dit-il, non sans naïveté, puisque le patron perché plus haut, lui, négocie les mêmes planches entre 35 mille et 45 mille francs guinéens, l’unité. Selon leurs dimensions.
Un maitre-menuisier d’y aller de son témoignage, s’alarmant du fait que la déforestation commence à prendre ici une proportion inquiétante. Car, à l’en croire, si hier, on pouvait vite avoir des gros arbres à abattre à la lisière du village, « aujourd’hui, il faut aller loin et même très loin dans la brousse pour pouvoir s’offrir des arbres à abattre. Puisqu’on avait l’habitude de s’attaquer à plusieurs arbres à la fois. Surtout dans les zones où il n’y a pas de gros arbres », raconte ID.
Tout cela se fait sans reboisement aucune. Partout où les arbres sont abattus, cela libère néanmoins de la place à ceux qui s’investissent dans la plantation d’anacardier. Une culture qui a également le vent en poupe dans la localité.
‘’L’autorité pointé la pauvreté ‘’
Cette malheureuse situation n’échappe nullement à la vigilance des autorités locales. Mais, dès fois, elles laissent faire, faisant de la pauvreté ambiante dans la localité, leur argument.
A l’image du président du district de Kolia Sanamatö, Diakité Aboubacar : « la coupe des bois commence à nous inquiéter ici. Puisque ça contribue au réchauffement climatique. Nous demandons au gouvernement de nous aider à faire le reboisement. C’est ce qui peut nous sauver. Sans quoi nous irons bientôt dans le désert. »
Le sieur Diakité reconnaît toutefois que les agents de l’Eco-garde, la police de l’environnement, viennent dès fois dans la localité pour sensibiliser les populations à abandonner la déforestation : « mais, vous savez, avec la pauvreté qui frappe les populations, on cherche à vivre », avoue le président de ce district de près de 700 mille habitants.
D’où la nécessite d’appuyer sur le bouton d’alarme, afin que cesse cette pratique environnementalicide.
Youssouf Diallo, envoyé spécial à Kakandé