Après les élections présidentielles de 2010 et 2015, le gouvernail du grand navire qui a rassemblé la quasi-totalité des formations politiques ne tient plus qu’à un seul des milles pieds due au dysfonctionnement entre la pesanteur (les forces alliées) et la poussée d’Archimède (le grand Baobab RPG-Arc-en-ciel) qui risque par conséquent, non seulement de compromettre les calculs politiciens en prélude des grandes élections qui pointent à l’horizon, mais aussi le rapport de force entre les acteurs politiques du pays.
En effet, la formule classique de Nicolas Machiavel, selon laquelle « le prince doit être un lion pour faire peur aux loups, un renard pour connaître les filets et éviter les pièges » est incontestablement appliquée sur l’échiquier politique guinéen par le Pr. Alpha Condé. Il est considéré par ses pairs comme le stratagème et l’animal politique le plus averti à cause des exploits et son statut d’opposant historique. En politique, savoir ce que l’on veut et se donner les moyens de les avoir est le plus important dans la conquête et l’exercice du pouvoir politique. Les alliances contre nature qui étaient favorables aux calculs politiciens du Président de la République scellées à l’occasion des élections présidentielles de 2010 et 2015. Ainsi, le but de ces alliances consistait de lui servir : au positionnement des leaders sur l’échiquier politique, leurs ressources humaines, économiques et leurs identités ethniques pour arriver à ses fins. Le cas le plus ressent, est la démission du Haut Représentant du Président de la République en l’occurrence M. Sydia Touré (Président de l’Union des Forces Républicaines) survenue ce lundi 11 décembre 2018. En dépit du fait qu’il soit perçu pour certains comme un fait anodin, l’on pourrait néanmoins examiner les raisons, les circonstances de cette démission et envisager les conséquences politiques qu’elle représente de part et d’autres.
Les raisons et circonstances de la démission :
Nombreux sont parmi les proches et collaborateurs du Président de la République qui lui reproche de vouloir tout faire à la place de tout le monde, surtout quand il s’agit des questions de politique d’orientation sectorielle. C’est pourquoi, M. Sydia Touré, depuis sa prise de jusqu’à sa démission n’a réussi à faire passer ces programmes de réforme au niveau du secteur agricole, énergétique et éducatif en dépit de son poste de haut représentant du chef de l’Etat. Ce poste était perçu pour l’opinion publique comme l’équivalant du ‘’vice-président’’ contrairement à ce qu’envisageait le Fama National. Pourquoi la décision a-t-elle pris du temps ? A mon avis, trois bonnes raisons expliquent ce retard : la peur de perdre l’électorat en un moment aussi crucial, notamment les élections communales. Malheureusement, le parti fut battu par ses adversaires dans son fief traditionnel à Kindia et dans certains bastions électoraux ; la santé économique du parti, eu égard à son incapacité de financer véritablement les campagnes des deux dernières élections.
Les conséquences politiques de part et d’autres :
L’ex haut représentant du chef de l’Etat et ancien allié de l’UFDG souffre d’un problème de choix qui soit en commun accord avec ses idéologies et ses ambitions politiques. En effet, après le spectacle inattendu de l’élection l’législative à l’issue de laquelle, il sollicitait le poste de président de l’Assemblée Nationale. Malheureusement, son allié (Cellou Dalein Diallo) était aussi intéressé au même poste jusqu’à la veille du vote avant de désister à la dernière minute. Par ailleurs, sa volonté de servir le pays en acceptant ce décret présidentiel après le un coup chao ne fut qu’un cauchemar car, il a non seulement perdu, dans une large mesure sa crédibilité aux jeux de l’opinion publique mais aussi, le départ de certains cadres et militants du parti vers d’autres formations politiques.
Cependant, face aux élections majeures qui pointent à l’horizon et le fameux débat autour du ‘’troisième mandat’’ le départ d’un tel allié représente une épine sous le pied du Président de la République. A cet effet, toutes les cartes sont désormais susceptibles d’être redistribuées sur l’échiquier politique pour une possible alternance démocratique en 2020. Mais la matérialisation de cette hypothèse, dépendra de la position qu’il va occuper dans l’arène politique guinéenne. D’ici là, attendons de voir la surprise de l’opposant historique dans les jours à venir!
Aly Souleymane Camara