Qu’est-ce que c’est dur pour ses plus fidèles de s’en convaincre que le parti n’est plus dans les cœurs des électeurs de Conakry. Et pourtant aux législatives en 2014, le RPG et ses alliés n’ont pas su faire élire des députés à l’uninominal dans les communes de Conakry.
La majeure partie des députés de la mouvance présidentielle ont été choisis par le truchement de la liste nationale. Tout comme à ces dernières locales, il semble aussi avoir perdu la main dans toutes ces communes d’ici que le vote donné pour être repris à Matoto, n’ait lieu. Alors qu’est-ce qui explique ce désamour apparent du parti à Conakry ?
Comme nous l’avons traité dans le billet consacré à « l’ancien haut ré-plaisantant Sidy » qui s’est tiré, nous assistons, disons plutôt presque à un effritement de confiance des électeurs vis-à-vis des partis politiques traditionnalistes. Même si en relativiser nous éviterait un démenti en raison de la versatilité de l’électorat guinéen, il est le plus volatile qui soit, sans en rajouter le caractère subjectif du vote qui est un sérieux déterminant. Mais qu’à cela ne tienne, épiloguons néanmoins là-dessus. Idéalement un parti suppose un ensemble de cadres qui participent au véhicule des idéaux de la formation et à la conquête du pouvoir. Sauf que dans le cas précis du RPG-arc-en-ciel, seul Alpha Condé reste la motivation de vote. Les électeurs le vote plutôt que les candidats présentés par le parti au niveau local. Cela pose d’emblée un problème de représentativité du parti mais plus réellement de la légitimité des candidats souvent coptés çà et là. Du moins à Conakry. Ces derniers ne rencontrent pas du tout l’onction des militants à la base mais aussi des électeurs. Ils souffrent d’une incapacité à épouser les préoccupations majeures des électeurs outre que ceux qui votent traditionnellement le parti. Sans vouloir extrapoler cette attitude électorale à tout le pays, puisque le parti garde, tout comme l’UFDG, ses fiefs, il est symboliquement pas reluisant pour un parti au pouvoir de se faire enrouer si bonnement les voix dans la capitale politique où la présence des médias est la plus importante.
L’insuccès des candidats présentés par le parti trouve une tout autre explication dans la désarticulation de l’appareil politique du parti d’Alpha, la sincérité de l’engament militant au sein de cette formation est assez problématique. C’est une pléthore du type « fourre-tout » doublé d’un individualisme qui frise la « politique du ventre » reprochée par Bayart aux politiques africains. D’ailleurs, le président de la république était obligé lors des locales de descendre lui-même dans l’arène et exiger que le parti ne présente pas de tête de liste en raison de ses dissensions intestines. Il s’en est en plus offusqué lors de sa récente tournée en Haute Guinée la semaine dernière, son fief à lui.
La défiance du parti au pouvoir à Conakry n’expliquerait-elle pas l’audibilité des appels à manifester de l’opposition dans la capitale, même si les manifs restent concentrées dans la commune de Ratoma et les quartiers de Matoto qui jouxtent la route le Prince. En tout cas, même si ce postulat peut évidemment se discuter, au demeurant l’UFDG conforte et précise sa position et peut s’enorgueillir avoir un relatif encrage dans la capitale. Ce qui ne semble pas être le cas de son challenger et sans m’y tromper, elle l’articulera tout au long de ses discours. Si on part du principe que les électeurs des milieux urbains sont plutôt exigeants et mieux avertis, il en résulte donc du comportement des électeurs de Conakry pour le RPG de se remettre en selle d’ici les prochaines élections législatives.
Kabinet Fofana,
Politologue