Dans un entretien accordé à notre rédaction, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée s’est prononcé sur l’actualité politique guinéenne. Pour Cellou Dalein Diallo, la situation actuelle du pays n’est autre que le résultat de la mauvaise gouvernance d’Alpha Condé et de la volonté manifeste de ce dernier de gouverner au gré de ses humeurs. Chose qui, pour lui, n’est pas respectueuse des principes démocratiques et de bonne gouvernance.
Ci-dessous, les propos du chef de file de l’opposition guinéenne :
Siéger ou adopter la politique de la chaise vide comme suggéré par Marie Madeleine Dioubaté ?
Nous sommes en train de procéder à une large consultation pour prendre la décision qui est la plus conforme aux intérêts du parti. Cette décision n’est pas prise. Je respecte la position de Marie Madeleine. A l’intérieur du parti, il y en a qui défendent cette position mais il y a d’autres aussi qui défendent le principe de siéger pour être là et défendre les intérêts du parti à l’assemblée nationale, défendre le droit, défendre l’intérêt du pays. Ce n’est pas tranché mais bientôt la décision du parti sera rendue publique.
Craintes de glissement du mandat présidentiel
Ce n’est pas lié du tout, de mon point de vue. Le mandat présidentiel est à part et il est de cinq ans. Le président a prêté serment sur une constitution qui limite son mandat à cinq ans. A ce niveau, s’il y a une tentative de prolongation, il n’aurait plus aucune légitimité, aucune légalité. Pour les députés, les textes sont parfois ambigus parce qu’on a dit le code électoral et dans la loi organique portant règlement intérieur de l’assemblée nationale, qu’elle reste en place jusqu’à la mise en place de la nouvelle assemblée. (…) Alpha Condé a voulu obtenir ce glissement, on ne sait pas quel est son agenda ? Quels sont ses intentions ? Vous savez Monsieur Alpha Condé n’a jamais organisé les élections à bonne date ; la seule élection qu’il a organisé à bonne date c’est le Coup Ko qu’il a organisé en en 2015. Donc c’est dans ses habitudes de ne pas respecter la constitution parce que l’organisation des élections ne doit pas dépendre de l’humeur du président. C’est du domaine de la loi ; la loi fixe la durée des mandats et à l’échéance, on doit procéder à des élections. Nous allons le dénoncer parce que c’est déjà dans ses habitudes mais ce n’est pas une bonne chose.
Possible réunification de l’opposition guinéenne ?
S’il y a un défi à relever, un objectif à atteindre, si on décide par exemple de lutter contre le troisième mandat ensemble, on peut être plusieurs groupes. La société civile, les syndicats sont tous interpellés. On peut se mettre ensemble par rapport à une action qu’il convient de mener pour barrer la route par exemple à Monsieur Alpha Condé dans sa velléité de s’octroyer un troisième mandat. Si nous voulons aussi nous battre pour que le calendrier électoral soit respecté ou pour que les élections législatives soient organisées dans les meilleurs délais on peut se mettre ensemble. Au cas par cas, si les gens veulent on n’a pas besoin d’avoir une association permanente. On examinera si on considère qu’il y a une convergence d’intérêts on se retrouve pour se battre ensemble.
Entretien réalisé par Mamadou Pathé Barry depuis Paris