Mohamed Chérif Diallo, le chargé de la stratégie et de développement de la plateforme citoyenne »Ma cause », est favorable à un débat qu’il voudrait plus ‘’objectif’’ et ‘’citoyen’’ sur la crédibilité de la constitution.
Dans cette interview qu’il a accordée à notre rédaction, il en donné les raisons.
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Mosaiqueguinee.com : votre structure »Ma cause » lance le débat sur la crédibilité de la constitution. Sur quoi vous fondez-vous pour ce faire ?
Mohamed Chérif Diallo : La révision de la constitution est un sujet aussi épineux qu’il engage l’ensemble des Guinéens, parce que c’est un contrat social qui nous lie. Mais, il se trouve que cette révision émane, soit du président de la République ou des députés. Mais, en tant qu’élus, ils n’ont pas pris l’initiative de la révision constitutionnelle. Et, ce n’est pas par voie référendaire qu’elle a été adoptée, c’est un décret qui nous a porté à la constitution de 2010, sachant bien que c’est une loi fondamentale qui devrait être provisoirement promulguée jusqu’à la tenue de la présidentielle. Et, d’un constat général, cette constitution n’est pas l’émanation du peuple et le peuple ne se l’est pas appropriée. Donc, la plateforme ‘’Ma cause’’, est en train de faire la promotion de la démocratie participative, lorsque le citoyen, a un droit de regard sur la gestion publique, il faudrait bien que l’on puisse impulser une dynamique de la sorte. Nous avons 162 articles et 19 titres. On a eu beaucoup de situations conflictuelles qui ont affecté les citoyens, qu’on le dise de façon directe ou indirecte…On ne va pas s’accrocher à un ou deux articles pour dire qu’on ne touche pas à la Constitution.
Mosaiqueguinee.com : Lorsque vous remettez en cause la constitution, voudriez-vous jeter le discrédit sur le CNT-Conseil national de transition, l’institution parlementaire transitoire qui a élaboré cette constitution ?
Mohamed Chérif Diallo : Je voudrais remercier le CNT, qui a joué le rôle de parlement, pour le travail noble qu’ils ont eu à faire. Mais, le discrédit qu’il y a là-dessus, ils ne sont pas d’une émanation populaire. Et, nous nous sommes, enfin, rendus compte que les textes sur lesquels ils ont travaillé, ont été promulgués non pas par voie référendaire, mais par ordonnance. Cela fait qu’aujourd’hui, cette constitution est à remettre en cause.
Mosaiqueguinee.com : Est-ce que votre démarche ne consiste pas à ouvrir un boulevard au chef de l’État en vue d’une révision constitutionnelle ?
Mohamed Chérif Diallo : Ça, c’est un regard politique de la question. Nous nous sommes dans un regard citoyen de cette constitution qui n’a rien à n’avoir avec ce boulevard. D’ailleurs, une seule plateforme ne peut pas porter la responsabilité d’ouvrir la brèche pour qui que ce soit. Donc, il ne faut pas mécomprendre la démarche de la plateforme, notre démarche n’est pas taillée pour une personne ou un groupe de personnes. C’est pour l’ensemble des citoyens. Qu’on le fasse maintenant ou après, en tant que promoteur de la démocratie participative, notre mission c’est de tirer sur la sonnette d’alarme en disant que nous sommes en train d’aller droit dans le mur. Contribuons alors, à la construction d’une démocratie participative, c’est ce qui pourrait aider tout le monde sans que la souveraineté du citoyen ne soit pas piétinée. On peut nous pointer du doigt mais, demain, les citoyens se rendront compte que c’est pour le bien de tout le monde. Nous, nous n’avons pas fait que porter le débat, nous ne sommes pas en train de choisir une option. Mais, que l’option qui sera choisie soit d’une émanation populaire.
Mosaiqueguinee.com : Que pensez-vous, alors, de l’intangibilité de certaines dispositions de la constitution ?
Mohamed Chérif Diallo : La constitution n’est pas intangible, il faut plutôt se poser la question de savoir, est-ce que c’est la constitution qui s’adapte aux réalités ou est-ce que ce sont les réalités qui s’adaptent à la constitution ? A titre d’exemple, la prouesse des candidatures indépendantes au niveau des élections locales, les partis politiques se sont rués là-dessus, même dans la petite parcelle qui appartient à l’ensemble des citoyens. Sauf que dans une des dispositions de la constitution, il est dit ‘’ne peut être candidat aux élections législatives et présidentielle que la personne qui est représentée par un parti politique’’. Mais, à comparer ce texte aux réalités du terrain, vous verrez qu’il y a un divorce entre l’option politique et la vision citoyenne. Si la boussole politique a perdu les repères, il faut se référer à la boussole citoyenne pour définir de nouvelles orientations qui pourront aider tout le monde.
Mosaiqueguinee.com : Sauf que c’est maintenant que vous le faites ?
Mohamed Chérif Diallo : La plateforme est née en 2016 mais, cette réflexion faisait partie de notre plan stratégique de développement. Il y a des réalités existentielles qui nous amènent à nous interroger sur la contribution de la société civile. Parce qu’il y a un discrédit qui est lancé sur elle. Il faut donc redorer le blason en disant ; allons dans le sens citoyen. Aujourd’hui, on peut nous pointer du doigt et demain les gens se rendront compte que face à l’histoire, nous avons eu le courage de porter le débat qui nous a envoyé à prendre avec plus de responsabilité du citoyen.
Mosaiqueguinee.com : Ne craignez-vous pas que votre » Ma cause » soit comptable devant l’histoire, un jour, comme une structure qui aura contribué à la promotion d’un troisième mandat pour le professeur Alpha Condé ?
Mohamed Chérif Diallo : C’est la première plateforme de la société civile guinéenne à prendre l’initiative de parler de la constitution. Donc, on sera plutôt taxée de structure qui contribue à la promotion de la démocratie participative. Nous portons juste le débat. Nous souhaitons qu’il quitte l’espace politique pour l’espace citoyen. Ainsi, nous verrons un regard citoyen et l’opportunité pour que nous discutions de ce qui va s’ouvrir. Il n’y a aucune disposition qui stipule que juste après l’élection présidentielle, voici le délai auquel une révision constitutionnelle doit être déclenchée. C’est dit simplement que l’initiative doit venir du président de la république, des parlementaires.
Interview réalisée par Alhassane Fofana