Pourquoi les Guinéens ne doivent pas renouveler un 3ème bail avec Alpha Condé au terme de son second et dernier mandat constitutionnel à la tête du pays ?
10 raisons suffisent comme arguments pour démontrer que l’actuel président guinéen ne mérite plus la confiance de son peuple. Qu’elles soient politiques ou économiques, ou encore juridiques et sociales, le bail avec le locataire de Sékoutouréyah doit prendre fin le 21 décembre 2020. Alpha Condé a montré ses limites. La passation du pouvoir urge et devient de plus en plus impérative à l’allure où la boulimie du pouvoir et le désir de s’éterniser au trône chérissent l’opposant extraverti devenu président introverti.
Les raisons sont simples.
Du point de vue de la Constitution
Les articles 27 et 154 de notre Constitution révisée et amendée de 2010 sont claires et précises. Au terme du second et dernier mandat constitutionnellement parlant, le président Alpha Condé ne peut et ne doit être candidat à rien. Aucun doute ne doit être semé à ce niveau. Il est sortant définitif sans possibilité d’être repêché.
La division du travail sur la carte ethnique et communautaire
Il a fallu Alpha Condé pour comprendre que sa gouvernance ne repose pas sur le mérite. Au lieu de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, il a prôné la région ou la communauté. C’est lui qui a dit que la Primature est dédiée a la Basse Côte, l’Assemblée nationale à la Fois (…), et le Foutah comme Dieu le voudra.
Tout sauf le contraire de Conté et de Touré
L’homme aux mains propres est finalement devenu l’homme avec sans mains. Lui qui incarnait espoir et renouveau, s’est illustré dans la confusion et la continuité des mauvaises pratiques. Du complot du 19 juillet à la prévarication des deniers publics, avec ses corollaires d’impunité et autres, finalement, Condé, c’est tout sauf Conté et Touré, même s’il a déclaré au lendemain de son investiture pour son premier quinquennat « prendre la Guinée où ce dernier l’a laissée ». C’est une navigation à la godille. Sa gouvernance n’a rien de singularité, ça pédale partout et dans tous les sens juste pour maintenir l’équilibre.
La paupérisation et le culte de la personne
Le guinéen fait partie des plus misérables au monde. Ni eau ni électricité avec un revenu au dessous d’un dollar par jour. Le Guinéen n’a jamais connu son époque de gloire et de triomphe. Le malheur du Guinéen a été d’avoir à sa tête un homme qui aime le vacarme pour ne pas dire louange et chant populaires. Un clan s’est toujours enrichi au détriment de l’écransante majorité de la population qui végète dans l’extrême pauvreté.
Les assassinats et l’État policier
On estimait que l’État policier est révolu. Malheureusement, une partie du territoire national est sous occupation pas étrangère mais interne avec des P.A sous prétexte de rétablir l’ordre public sur un axe favorable à l’opposition. Les massacres de Zogota, Saoro et de Galapaye ne se seront jamais mis aux oubliettes aussi banalement. La main propre est dans le sang. Tôt ou tard, justice se fera. Le Guinéen n’a plus besoin d’une goute de sang versée.
Les promesses non tenues
Papa-promesse pour des uns ou Papa-usines pour d’autres, le président Alpha a le don divin des usines. Il promet sans cesse. Avec lui, le pays serait le plus industrialisé au monde. Très malheureusement, ce n’est que du vent. J’aime son usine annoncée de « bonbons » et de biscuits car, bientôt mon petit garçon aura besoin d’un croquant labélisé Guinée.
Une justice à double vitesse
C’est le talon d’Achille de sa gouvernance. Plus de 20 millions d’euros investis. Mais pour quels résultats ? Allez le savoir ! La justice guinéenne se porte très mal et assez mal pour ne pas dire qu’elle reste quasi inexistante. Il suffit de faire un sondage dans le secteur pour s’apercevoir de toute la merde. Les vindictes populaires et sermons populaires sont des preuves irréfutables. Car, si l’appareil judiciaire d’un pays est défaillant, cela encourage forcément la justice sauvage. Il y a des juges et des tribunaux en Guinée, mais pas la justice.
Corruption et détournement
Les choses les mieux partagées dans la gouvernance Condé sont la corruption et le détournement, mais difficile à prouver. Les surfacturations et autres tares sont monnaies courantes. Alpha Condé lui-même passe au savon certain de ses lieutenants mais qui n’ont jamais été iniquités. C’est le parfait d’un opposant historique devenu président hystérétique. Ça va dans tous les sens comme les testicules d’un mouton. Ça balance et balance de tous les cotés. C’est quand on veut s’en débarrasser, on lance des audits. Les plus loyaux prévaricateurs ne tombent jamais. Seuls, ceux qui font le double jeu sont appelés et qui se font plein le réservoir doivent sauter. La consigne est claire. Il faut bosser pour le maintien à vie de ton très généreux historique opposant président à l’image de ses prédécesseurs. Qui est fou ? Les autres sont restés mais pourquoi pas moi ? Quelle fourberie !
La boulimie du pouvoir et le projet suicidaire du 3ème machin
Il se dit être le « Mandela » de la Guinée, mais assez loin de ce dernier. Outre les deux mandats normaux, Alpha Condé veut aller à l’encontre de la démocratie et des démocrates. Il cherche un ‘’affrontement d’idées’’ pour expliquer au peuple qu’il est omnipotent, omniscient et omniprésent. Il croit dur comme fer avoir fait mieux que les régimes précédents. Alors que c’est du pipeau ! Pour ne pas dire qu’il n’a rien, mais, c’est tout comme. À part ces hôtels de luxe qui sont hors de la bourse du Guinéen, on ne peut que citer le triste célèbre cimetière de Bambéto avec plus de 100 belles âmes tombées sous les balles assassines d’un État cynique et cruel. Le Guinéen a broyé le fer à son temps. Les libertés politiques ne sont pas admises encore moins celles de la presse. La maxime qui dit « tout ce qui n’est pas avec nous, est contre nous » a son pesant d’or. Tu es dedans ou on te met dehors. Les exilés politiques ne me diront pas le contraire.
Ni pays ni État
Dans son speech de prise de fonction en 2010, le bout de phrase qui a marqué l’opposition est: ‘’j’ai hérité d’un pays et non d’un État’’. Il était l’espoir pour le renouveau étant nouveau. 10 ans après, on peut faire une autopsie assez sévère de sa gouvernance. Le pays est dans l’anarchie totale. La règle du pouvoir n’est pas juste et équitable. Le partage de la prospérité nationale est pour un clan au détriment de la majorité silencieuse. Bref, le pouvoir est pris en otage.
Au regard de ce qui vient d’être décrit, le plus grand bonheur que le président Alpha Condé puisse offrir aux Guinéens, c’est de passer le témoin à son successeur sans violence aucune.
Un Président sortant définitif n’a pas besoin d’un ‘’affrontement d’idées’’ avec ses opposants. C’est l’opération courir après une montre qui est déjà à l’arrêt. Ça ne sert à rien.
Vivement 2020 pour que vive une alternance démocratique !
Par Habib Marouane Camara Journaliste et Analyste Politique