FINANCE ISLAMIQUE DANS LE MONDE
Aujourd’hui, la finance islamique dans le monde pèse plus de 2000Mds $ d’actifs, et un taux de croissance annuel moyen de +15%. Ces chiffres vont doubler à hauteur de 4000 Mds $ courant 2020.
La FINANCE ISLAMIQUE EN AFRIQUE
En effet, l’Afrique ne représente seulement que, 1,5 % des investissements islamiques Mondiaux (Source BSI Economics), toutefois, la finance islamique peut apporter sans doute des innovations financières supplémentaires au service des besoins cruciaux et gigantesques des économies africaines paralysées par le mode de financement classique depuis plus de demi-siècle.
C’est le 30 août 2014, que l’Afrique enregistrait 96 banques islamiques, 41 compagnies d’assurance-Takaful, 31 institutions de microfinance halal et 29 fonds islamiques (Source Africa diligence).
Certes, la Banque Islamique de Guinée (BIG), fut la première banque privée dès 1983 en Guinée, mais qui aujourd’hui malheureusement n’a pas pu maintenir sa place dans le marché bancaire guinéen et n’est pas connue par sa permanence qui devrait faire sa particularité face à la prolifération des banques privées dans le pays.
Cela est-t-il dû au manque de cadre Juridique et institutionnelle spécifiques et appropriés à la Finance Islamique ? Une interrogation qui mérite d’être posée et répondue.
QUELLE DIFFERENCE ENTRE LA FINANCE ISLAMIQUE ET LA FINANCE CLASIQUE
La finance islamique est différente de la finance classique sur la base de trois éléments essentiels à savoir :
- Adossement à des actifs tangibles et réels ;
- Respect de l’éthique ;
- Droit musulman des affaires et risque mesuré.
La République de Guinée membre fondateur, en 1970 de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture dès 1982. Également, membre de Banque Islamique de Développement (BID), depuis 1974, avec Souscription de capital ($M), 45.85 soit 0.09% (Source BID).
Comment explique-t-on cette absence de locomotive de la finance islamique en Guinée après la mort du Feu Ahmed Sékou Touré, quel intérêt cette industrie financière pourrait apporter à la Guinée afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté, le chômage, la précarité, et favoriser la création d’emplois.
Pourquoi la Finance Islamique ?
La réponse à cette question pourrait s’expliquer par la crise financière de 2008, qui aurait justifié et confirmé l’urgence de la refonte et ouvert les voies sur de nouvelles pistes possibles selon lesquelles on trouve les adeptes de la finance islamique, étant modèle alternatif, surtout, participatif et, socialement responsable.
Sur la base d’une approche logique, le Prix Noble J. Stiglitz (2009), propose deux pistes de solution, dont la nécessité est l’adoption de certains principes propres à la finance islamique.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution de l’encours financier des actives islamiques entre 2006 et 2010.
A titre de rappel, la finance islamique est une finance dont le mode de fonctionnement repose sur les principes de partage de profit et perte (P.P.P) entre les acteurs financiers. La justice, l’équité, et la transparence sont les principales valeurs retenues par ce système de finance. La finance islamique diffère des autres par sa vision particulière du capital, du travail, les pratiques économiques, financières et compatibles avec le droit Islamique.
LES TROIS GRANDES PARTIES DE LA FINANCE ISLAMIQUE
Cette finance est une autre manière de faire les affaires, elle est composée de trois grandes parties à savoir :
- – Marché de capitaux, Sukuk (les obligations) différents des obligations conventionnelles, fondé sur une émission de dette. L’investisseur finance un actif tangible qui va fournir un revenu stable pendant une certaine durée déterminée.
- – Banque Islamique (Banque Participative) ; dans laquelle la pratique de l’intérêt sous toutes ses formes est fermement condamnée, elle offre des produits bancaires socialement responsable sur le principe de solidarité financière entre prêteur et emprunteur, cette absence d’intérêt ne fait plus apparaître la banque comme un simple pourvoyeur de fonds mais comme un véritable acteur socio-économique.
- – Assurance Takaful traduit par « solidarité » ou « garantie mutuelle » est un système coopératif de remboursement ou de remboursement en cas de perte, organisé comme une alternative à l’assurance conventionnelle elle est conforme aux principes de l’islam, que les partisans de Takaful considèrent qu’elle interdit l’usure et l’incertitude excessive.
Complet de la finance islamique en résumé, malheureusement, notre pays est illisible, dans les trois secteurs de la Finance participative islamique.
La Finance conventionnelle a-t-elle montrée ses limites ?
L’histoire de finance contemporaine, mouvementée par la succession des crises, de fragilisation et scandale, à montrer que, le capitalisme financier en place durant ces dernières décennies est à l’origine de la fragilité et de l’instabilité du système financier international. D’où la nécessité d’une refonte des mécanismes de son fonctionnement à travers la fondation d’un véritable système bâti sur des principes d’équités, de transparence, éthique morale et la participation de l’ensemble des acteurs économiques. C’est pourquoi la finance islamique demeure une alternative clé pour l’émergence de l’économie Guinéenne.
La Guinée va-t-elle raté l’émergence de SUKUK en Afrique ?
La performance d’émission du sukuk rien qu’en Afrique de l’ouest, montre des chiffres importants. Voici quelques exemples d’illustration :
Sénégal, le 20 juin 2016, l’opération consiste en la levée de 150 milliards de F CFA (228,6 millions d’euros), L’Etat sénégalais a réussi également à lever 200 milliards de F CFA (341,5 millions de dollars) d’emprunt obligataire sous forme de sukuk. Source la turbine Afrique.
La Guinée néant, et sans aucune perspective selon notre information (00000000 FNG).
Cote d’ivoire, Le gouvernement ivoirien a lancé le 20 novembre 2015 l’émission d’un sukuk de 150 milliards de F CFA. La levée du premier emprunt obligataire conforme à la sharia.
En Aout 2016 Le Trésor public ivoirien a lancé un emprunt obligataire de 150 milliards FCFA (228,6 millions d’euros) sous forme d’obligations islamiques conformes à la charia. C’est le deuxième sukuk émis par le pays.
Mali émet son premier sukuk de 150 milliards de FCFA sur le marché régional, depuis février 2018.
Togo, pour sa part compte 150 milliards de FCFA 2016.
(Source : jeune Afrique, Turbine Afrique)
En effet, pour ne citer que ces exemples tangibles d’émission de sukuk dans notre zone, plus précisément en Afrique de l’Ouest, la Guinée n’a pas de perspective pour émettre de Sukuk, pourtant notre pays est plus apte que ces pays suscités.
Quelles sont les responsabilités ?
Le Manque de Politique d’Attractivité Economique du pays ?
En 2010, la Guinée sort d’une transition, embrasse la démocratie, elle prêche d’établir et de favoriser les investissements, mais, aucune réforme n’a touché l’un de trois axes économiques de la finance islamique (Banque Islamique, Assurance Islamique « TAKAFUL », et les marchés de capitaux à savoir Sukuk).
Lors du 12eme édition du forum islamique économique mondiale, à Djakarta, en Indonésie, autour du thème : « Décentraliser la croissance, autonomiser les affaires», le présidant de la république Pr Alpha Condé comme invité spéciale s’est exprimé en ces termes : j’invite le monde de la finance islamique à investir pour une croissance économique, la réduction de la pauvreté et, le développement humain en Afrique, il a rappelé dans son discours que les réformes juridiques et institutionnelles mises en place par son gouvernement visent à protéger les investissements.
« Nous accordons un intérêt particulier au thème de ce forum qui permettra à la Guinée et à d’autres pays l’amélioration de nos politique publiques », a-t-il mentionné.
Ce discours, a fait appel au monde de la finance islamique d’investir d’avantage en Afrique cependant, je constate que la Guinée n’a pas pu s’inscrire dans la dynamique d’attraction d’intérêt de la finance islamique de croissance économique comme le Sénégal, le Mali et le Togo. Tel que souhaité par le président de la République.
Quelle opportunité pour la Guinée d’intégrer dans son système financier la finance islamique ?
Cette finance s’est démarquée par sa résistance à la crise de 2008, ce qui a attiré l’attention des spécialistes dans le monde de finance, par la suite ils se sont interrogés sur les raisons de son immunité, ainsi considérer comme un remède économique pour les pays en voie de développement.
Il est à noter que, la Guinée bénéficie plus de 600 millions de Dollars $ de la Banque Islamique de Développement pour les investissements publics, malheureusement, elle ne s’intéresse pas encore à la Finance Islamique et pourtant cela pourrait lui ouvrir assez d’opportunités financières.
De ce fait, si la Guinée s’intéresse d’avantage à régulariser ce système financier en général et du secteur de la finance islamique en particulier, également, attirer les investisseurs financiers islamiques et les capitaux, cela favoriserait sans doute l’émancipation et l’émergence du système économique du pays.
Toutefois, si la Guinée gouverne son système économique avec cette stratégie en émettant les sukuk, introduire les microfinances islamiques, promouvoir l’assurance islamiques, les banques islamiques en facilitant l’ouverture des fenêtres islamiques dans les banques classiques. Cette approche serait un tout pour une croissance économique et inclusive.
Pour promouvoir une politique de bonne gouvernance économique la guinée peut être le leader de la finance islamique en Afrique de l’Ouest, l’expertise de Waqf BID Guinée est l’une des preuves tangible et exemplaire de nos jours dans la sous-région.
Pour renverser cette tendance et permettre à l’Etat guinéen d’occuper la place qu’il faut dans la finance islamique en Afrique, Nous proposons les pistes de solutions suivantes :
- Créer un cadre juridique et institutionnel approprié à la finance islamique en tenant compte des aspects particuliers de celle-ci;
- Faire de Conakry, la Capitale Africaine de la finance islamique en faisant appel périodiquement aux spécialistes guinéens et étrangers du domaine pour des colloques scientifiques sur l’industrie financière islamique ;
- Procéder à l’émission des sukuk pour la bancarisation d’un grand nombre de la population de confession musulmane, et financer les nombreux chantiers publics dans une perspective proche sans faire recours aux bailleurs de fond internationaux ;
- Favoriser l’instauration de la finance islamique dans le programme des établissements d’enseignement supérieur du pays et encourager l’organisation des fora, des conférences régionales et internationales sur la croissance, autonomisation des affaires et la création du conseil nationale de la finance islamique ;
- Mener une offensive diplomatique pour plus d’investissement de fonds islamiques en guinée.
MANSARE Ibrahim
Doctorant, Spécialiste de la Finance Islamique
Université Mohamed V – Rabat, Maroc
ibramansaren@gmail.com