En clôturant la mission du Fonds monétaire international, qu’elle a conduite à Conakry, deux semaines durant sur l’évaluation à mi-parcours du programme de facilité élargie de crédit avec la Guinée, Giorgia Albertin, s’est prononcé sur les conclusions de cette mission.
La cheffe de la mission est d’abord revenue sur le montant du programme de facilité élargie de crédit qui est de 170 millions de dollars sur une période de 3 ans dont 70 millions déjà décaissés.
En ce qui concerne la performance de l’économie guinéenne, Giorgia Albertin affirme qu’« on peut dire enfin que l’économie guinéenne est en train d’avoir une croissance importante et forte. Sur la base des données préliminaires, on s’attend à une croissance autour de 6% pour 2018 et elle va continuer à être forte au cours de l’année 2019 et au cours du moyen terme. Ça, ce sont des facteurs importants qui sont en train de jouer pour la croissance positive. Ensuite, l’importance du secteur minier mais aussi le rôle qu’il joue pour tirer la croissance. Il y a aussi un impact positif pour une bonne performance de l’agriculture et de la construction », s’est-elle réjouit.
Autre motif de satisfaction des missionnaires du FMI, l’augmentation des réserves de la banque centrale.
« On a vu enfin, une augmentation importante des réserves de la banque centrale qui sont de plus en plus importantes pour absorber le choc que l’économie guinéenne pourrait avoir », a relevé Mme Albertin.
L’autre point évoqué, ce sont les objectifs budgétaires pour l’année 2018 qui, selon elle, ont été réalisés mais les recettes fiscales ont chuté et l’inflation semble être à un niveau acceptable.
« Les recettes fiscales ont été plus basses que prévues mais les objectifs ont été atteints grâce à la volonté de maitriser les dépenses et de garder une politique budgétaire en lien avec la stabilité macroéconomique… On a vu l’augmentation de l’inflation autour de 9,9 vers la fin de l’année 2018 et on a commencé à observer une décélération vers la première partie de l’année 2019. On est maintenant à 9,7%. Donc je dirai une performance forte qui reste et qui nous amène à discuter avec les autorités, des grandes politiques et les réformes qu’elles souhaitent mettre en place cette année », a-t-elle annoncé.
Selon Giorgia Albertin, un défi majeur reste à relever par les autorités guinéennes.
« Le grand défi de la Guinée, c’est de rendre cette croissance forte, plus inclusive et partagée par la population. Donc, on voit l’importance d’une politique budgétaire qui continue de préserver la stabilité macroéconomique mais qui doit créer l’espace et la mise en œuvre des dépenses prioritaires notamment les dépenses sociales qui puissent au niveau des investissements, soutenir la diversification de l’économie. Donc, sur ce point, la mobilisation de plus de recettes fiscales, ça sera un enjeu clé pour la Guinée et qui pourra donner l’espace nécessaire pour augmenter les dépenses prioritaires », a-t-elle recommandé.
Mais pour y arriver, Giorgia conseille au gouvernement d’abord de poursuivre les réformes qui sont déjà engagées pour mobiliser plus de recettes, de continuer à attirer plus de recettes dans le secteur minier et de renforcer les capacités de l’administration fiscale guinéenne.
Ensuite, elle propose la poursuite des réformes concernant les subventions énergétiques que les autorités ont entamées en 2018 afin de soutenir les dépenses sociales au cours de l’année 2019.
Sur la politique monétaire, la cheffe de la mission du FMI à souligner l’importance de continuer une politique monétaire prudente qui pourra gérer les pressions inflationnistes tout en gardant l’inflation à un niveau modéré.
Enfin, dernière recommandation, l’imbrication de l’accumulation des réserves de la banque centrale qui pourrait permettre à la Guinée de faire face aux chocs exogènes.
Mohamed Bangoura