Cela faisait 60 ans qu’elle résidait au quartier Koloma-soloprimo, N’sira Camara, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, âgée d’une soixantaine d’années, a vu trois de ses concessions, réduites en poussière lors d’une récente casse conduite par le gouvernement, dans certaines zones de Conakry.
Trois mois après ces opérations de démolition, faute de moyens pour se trouver un abri, cette mère de famille et ses enfants, vivent de nos jours dans mosquée, située dans les décombres de Koloma Soloprimo.
Aujourd’hui, sans espoir et abattue, l’air défait, cette femme qui dit être Kaloum Baga, a accepté de se confier à notre rédaction.
« Ce sont mes parents qui avaient donné cette terre à mon mari quand il voulait m’épouser. Mon mari est décédé. Je vivais avec les enfants de mes coépouses qui sont décédées aussi. Depuis qu’on fait tomber nos maisons, j’ai cherché où loger mais on me dit une année d’avance avec un montant deux millions voir plus et je n’ai pas ce moyen. Comme ils n’ont pas fait tomber les mosquées, nous sommes venus nous réfugier ici », a-t-elle dit sobrement, d’une voix mélancolique.
Et comble du désarroi, N’Sira Camara, a confié qu’elle peut rester toute une journée sans avoir de quoi faire à manger sa famille.
« Parfois, nous pouvons rester une journée sans manger. Même en ce mois de ramadan et nous dormons sans rien mettre dans le ventre. Tout mon espoir aujourd’hui, c’est le tout puissant », a révélé N’sira Camara en sanglotant, avant de verser des larmes en murmurant en langue soussou « merci mon Dieu« .
Reportage réalisé par Aïssata Barry