Très actif sur les réseaux sociaux, Me Mohamed Traoré mène à sa manière le débat sur le projet de nouvelle constitution.
Ce mardi, dans un post sur sa page Facebook, l’ancien bâtonnier pose cette question : « faut-il abandonner une Constitution qui consacre et garantit toutes les libertés et droits fondamentaux sous le prétexte qu’elle n’a pas été adoptée par référendum au profit d’une « nouvelle Constitution » qui risque de restreindre toutes ces libertés, de remettre en cause certains acquis et de faire reculer ainsi le pays ? », s’interroge-t-il.
L’avocat a tenté d’y apporter sa réponse et sa part de contribution au débat qui agite et suscite tant de réactions au sein de la société et au-delà des frontières.
« Si le texte que certains appellent déjà » la Constitution » est rédigé en catimini et par des personnes inconnues de la majorité des Guinéens, c’est sans doute parce que son contenu n’est pas à l’avantage de la Guinée. Sinon, pour un texte que l’on tente de présenter comme la panacée, la meilleure démarche aurait été de mener une large concertation avec l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile et de les associer à son élaboration afin que tous les courants soient pris en compte.
Le Conseil National de Transition (CNT) qui n’était certes pas un organe élu, était composé de membres issus de toutes les couches sociales et de toutes les catégories socioprofessionnelles de la Guinée : des acteurs politiques, des représentants des Guinéens de l’Extérieur, des représentants des associations de jeunesse et de femmes, de personnes handicapées, d’organisations paysannes, d’opérateurs économiques, d’organisations syndicales et patronales, des diplomates, des universitaires, des religieux, des membres des forces de défense et de sécurité etc. Même l’assemblée nationale n’a pas aussi été représentative de la diversité de la Guinée. C’est pourquoi, la Constitution du 7 mai 2010 est un texte très consensuel.
La rédaction d’une Constitution est une question d’intérêt national. Elle ne peut pas se faire sans la participation ou dans l’ignorance totale des acteurs politiques et de la société civile, connus et reconnus de tous. Le simple fait que ce travail se fasse à l’insu de ces derniers doit susciter une méfiance légitime et une prudence absolue des Guinéens.
Les arguments juridiques qui sont en train d’être invoqués, en plus d’être très discutables, constituent en réalité une enveloppe qui dissimule les véritables motivations de ce projet. Il est temps pour les uns et les autres de comprendre que cette cause doit interpeler tout le monde, car c’est une cause citoyenne. Personne ne devrait dire » ça ne m’intéresse pas », a-t-il écrit sur sa page personnelle.
Mohamed Bangoura