De nombreux commentaires et déclarations, ont été enregistrés ces derniers jours, faisant état du recrutement par la commission électorale nationale indépendante de l’opérateur international qui aura en charge la révision du fichier électoral guinéen.
Ces informations non fondées et qui ont malheureusement été reprises par certains leaders et acteurs politiques et de la société civile, ne correspondent à aucune réalité et relèvent beaucoup plus de la rumeur.
Approchée par nos soins, la CENI dit regretter que des individus surement malintentionnés, aient pu induire, à ce point, en erreur des personnalités majeures de l’échiquier politique, en procédant à ce type de désinformation, juste dans le dessein de distraire ses commissaires, dans leur mission de conduire de façon inclusive et transparente le processus électoral ou encore de porter un coup à l’image et à la crédibilité de l’institution au sein de l’opinion.
En réalité de quoi s’agit-il ?
En effet, à la suite de ses rencontres avec les parties prenantes au processus devant conduire aux prochaines élections législatives, notamment à la retraite de Kindia, du 30 avril au 05 mai 2019, la CENI a plaidé et reçu mandat d’envisager très sérieusement l’option de l’acquisition d’un logiciel de gestion des bases de données pour son site central.
Un logiciel de gestion des bases de données, propriété exclusive de la Guinée dans le but de rendre le pays autonome en la matière et en finir définitivement avec la dépendance vis-à-vis des cabinets internationaux.
Le corolaire de cette dépendance, étant les imperfections présentes observées sur notre fichier électoral et qui sont dues en grande partie à l’agrégation des données provenant de plusieurs opérateurs biométriques depuis 2002.
Le site central de la CENI va acquérir son propre logiciel et régler définitivement sa dépendance vis-à-vis des cabinets étrangers
Ainsi, selon des informations que nous avons recoupées, la CENI a lancé depuis mi-mai dernier, un appel à candidatures, adressé à 09 sociétés, ou cabinets d’ingénierie spécialisés, en vue de l’acquisition d’un logiciel dédié à la gestion des bases de données du site central, pour ses besoins de mise à jour.
Selon nos sources, seulement cinq cabinets ont répondu. Et à date, les évaluations nécessaires sont en cours au niveau de la direction nationale des marchés publics, seule structure habilitée à conduire ce genre de processus de sélection ; donc ce n’est pas la CENI qui choisit, plutôt les marchés publics.
De ce qui précède, l’on comprend que l’information sur le recrutement de l’opérateur international chargé de la révision du fichier électoral guinéen, n’est qu’un gros canular.
Plusieurs sources proches de l’organe de gestion des élections, l’attestent.
Même les termes de références pour le choix de cet opérateur international et son binôme au plan local, ne seraient pas encore prêts.
C’est d’ailleurs le lieu de rappeler cet ordre dans l’agencement de certaines opérations, notamment celles qui suscitent le plus de controverses et que nous tenons d’experts électoraux avisés :
- Le présent appel d’offres porte sur la sélection d’un cabinet d’expertise informatique pour l’acquisition d’un logiciel de gestion de bases de données pour le site central de la CENI. Ce n’est point pour l’opérateur de révision du fichier électoral.
- Viendra ensuite l’acquisition du kit de révision du fichier électoral, dévolue cette fois-ci à l’Etat au terme de la nouvelle loi sur la CENI en son article 21. Cet article dispose citation : « le matériel électoral lourd est fourni par l’Etat à la CENI après l’expression des besoins par celle-ci…». Ce sont notamment les isoloirs, les urnes, les kits bleus des bureaux de vote, le matériel informatique…
- L’étape de recrutement de l’opérateur international en charge de la révision du fichier électoral, intervient seulement après ou concomitamment.
Entendu que le souci de tous les acteurs, semble être, à juste raison, le gain de temps, conformément au chronogramme initial des 235 jours, entendu aussi que la mise en œuvre des recommandations de l’audit du fichier électoral, n’intervient qu’au niveau de cette séquence.
Un besoin d’échanges directs entre les parties prenantes au processus électoral
Pour conclure, un appel en faveur de l’esprit qui a prévalu à Kindia lors des travaux de la retraite de la CENI s’impose.
A Kindia, selon les échos largement relayés par les médias, toutes les parties prenantes ont convenu de privilégier les canaux traditionnels de concertation dans le règlement des incompréhensions, pour assurer au processus électoral l’inclusivité indispensable. Cela est toujours d’actualité.
Les acteurs, la CENI et ses premiers partenaires que sont les partis politiques, devraient par le biais d’échanges francs et directs, circonscrire le climat de suspicion naissant, en vue d’assurer à la conduite du processus électoral toute sa sérénité.
Mamadou Oury Diallo