C’est l’épilogue d’un feuilleton judiciaire fleuve qui a fait, pendant deux années, l’actualité des prétoires et de l’arène politique au Sénégal. « Rabats d’arrêt rejetés !». A l’audience de ce 16 juillet, de son marteau de juge de la Cour suprême, l’honorable Mamadou Badio Camara a porté le coup de grâce à Khalifa Sall. L’ex maire de Dakar comptait sur cet ultime recours pour annuler toute la procédure qui lui a valu une condamnation à 5 ans de prison pour une mauvaise gestion liée à la Caisse d’avance municipale. En vain ! Sa condamnation désormais définitive ouvre la voie à une grâce présidentielle.
Une lecture de verdict au doigt mouillé dans une salle d’audience hagarde. Mamadou Badio Camara, premier président de la Cour suprême, a donné lecture ce mardi 16 juillet du verdict sur les trois rabats d’arrêt déposés dans la ténébreuse affaire de la Caisse d’avance. Si les motifs écrits de l’arrêt ne seront connus que dans un mois lorsque celui-ci sera transmis à la défense, Khalifa Sall et ses soutiens en connaissent désormais sa teneur. Sa dernière parade judiciaire pour faire annuler toute la procédure à son encontre a été rejetée !
Fin d’une longue procédure
Dans le sillage du tribunal de première instance de Dakar, de la Cour d’appel, la plus haute instance du système judiciaire sénégalais vient de confirmer définitivement la condamnation de l’ex maire de Dakar à 5 ans de prison ferme pour « escroquerie portant sur des deniers publics», «faux et usage de faux dans des documents administratifs» et «complicité en faux en écriture de commerce». Via un système de fausses factures, l’ex-édile de la capitale sénégalaise aurait justifié des dépenses portant sur 1,8 milliard de FCFA issus de la Caisse d’avance municipale.
C’est la fin d’une longue procédure qui aura tenu le pays en haleine pendant au moins deux ans. Incarcéré depuis mars 2017 dans le confort spartiate d’une cellule spéciale du pénitencier de Rebeuss, la prison urbaine la plus peuplée du Sénégal, l’ex maire de Dakar n’en est sorti que pour les nombreuses audiences de son procès. D’abord judiciaire, la bataille de prétoires a débordé sur le terrain très politique d’une affaire dont les partisans de Khalifa Sall confessent qu’elle était destinée à lui barrer la route à ses ambitions présidentielles face à Macky Sall.
La signature de Macky Sall pour libérer Khalifa Sall
Ironie du sort, après que la presse sénégalaise a fini d’épuiser tous les jeux de mots sur l’homonymie fortuite de leur patronyme, la seule solution pour une sortie de prison de Khalifa Sall se trouve entre les mains de Macky Sall. L’ancien maire de la capitale sénégalaise cochait en effet toutes les cases pour bénéficier d’une grâce présidentielle que la presse locale fixait au 4 avril, le jour de la fête de l’Indépendance, au lendemain de la réélection du président sortant. Seulement, une des conditions pour bénéficier de l’indulgence de cette mesure est d’être définitivement condamnée par toutes les instances judiciaires du pays.
A certains soutiens de Khalifa Sall issus de l’opposition qui l’ont interpellé sur une possible grâce, le président sénégalais avait expliqué que le rabat d’arrêt déposé devant la Cour suprême l’empêchait d’accéder à cette requête. Cet écueil levé, le nom de Khalifa Sall pourrait se retrouver sur la prochaine liste de la Direction des affaires criminelles et des grâces. La résonance du nom de détenu le plus célèbre de Rebeuss pourrait pousser cette division du ministère de la Justice à y glisser le nom de l’ex maire de Dakar. En dernier lieu, la signature de Macky Sall sera décisive !
Avec latribuneafrique