Le long de la route minière Dapilon Malapouya, moins de camions que d’habitude. C’est le constat que nous avons fait durant trois jours de visite sur ce site de transport de minerais de bauxite pour le second port, le plus grand du Consortium SMB Winning, situé dans la sous-préfecture de Kolaboui, préfecture de Boké.
Même réalité sur l’axe Mines de Dabis via le Port de Katougouma. Des camions, notamment des sous-traitants sont pour la plupart hors service. Fin de contrat ou pause momentanée ? toutes les interprétations vont bon train, que se passe-t-il?
Début juillet 2019, les travailleurs de la société United Mining Supply, UMS sont inquiets. Plusieurs d’entre eux ont reçu des notifications de travail, mentionnant leur mise en congé technique pendant que certains ont tout simplement été placés en congé annuel.
Ce sont des situations d’ordinaire normales en début de saison hivernale avec une pluviométrie qui ralentit le rythme de production et du transport. Cependant, la dimension des arrêts de travail pour cette saison 2019 frise l’arrêt de travail selon un employé de UMS qui a requis l’anonymat.
Poursuivant, il nous explique les fondements de son analyse : « j’ai constaté que tous mes amis qui sont à un ou deux mois de fin de contrat sont mis en congé technique. Toute chose qui selon moi signifie que leur reprise au sein de l’entreprise est plus qu’incertaine parce qu’ils risquent de se retrouver en expiration de contrat au moment de la reprise des activités ».
Plus de bauxite aux ports qu’il n’en faut ?
La production de cette période aurait dépassé les 60% de celle de l’an dernier à la même période, explique un responsable de UMS que nous avons joint par téléphone. Selon lui, les ports de Dapilon et Katougouma sont pleins et ne disposent plus de place pour le stockage.
Tenant compte du fait que la saison ne serait pas très favorable même à la manutention maritime et à la production, la société UMS qui s’occupe du transport, aurait officiellement décidée de réduire sur instructions du Consortium, le nombre de camion de transport.
Pourquoi les deux ports sont-ils pleins au même moment ? Aux dires de notre interlocuteur, l’année 2019, contrairement à 2018 a connu moins de manifestations qui aient impacté négativement le transport sur les différents sites du projet à Boké. Et bien entendu, les congés sont justifiables.
Les sous-traitants suivent le rythme.
En lieux et place de 4 voyages en moyenne par jour pour chaque camion, les transporteurs locaux sont ainsi contraints à faire un à deux voyages toutes les 48heures. Une grosse perte et des difficultés logistiques évidentes selon un des sous-traitants.
« J’ai décidé d’arrêter mes camions car cela ne sert à rien de faire un seul voyage par jour, mais nous savons que la société ne va pas tarder à nous rappeler pour la relance dès que possible », se rassure-t-il.
Ce sont plusieurs milliers de chômeurs potentiels dans la ville de Boké, car le transport occupe une place de choix dans les offres d’emplois dans la préfecture de Boké et de ce point de vue, le consortium demeure un véritable maitre employeur sur ce volet.
Fin des camions, offensive train ?
Impossible d’avoir la version réelle, cependant, selon des informations avec des sources souvent bien informées, les acheteurs de l’or rouge en Chine auraient décidé de réduire la machine de convoi par camion. Non seulement les industries d’alumine seraient suffisamment fournies, mais les responsables du Consortium se seraient engagés à concentrer leurs efforts sur le chemin de fer déjà en chantier au détriment du transport par camions. A rappeler que cet autre projet du Consortium SMB Winning, s’élève à près de 3milliard de dollars US incluant une raffinerie à Boké. Cette réduction du trafic routier de bauxite se justifierait aussi par le fait que plusieurs plateaux de bauxite sont presque épuisés et que le projet ferait prochainement mise sur les nouveaux sites miniers de Santou et Houda.
Malgré que les observateurs s’accordent à dire que la bauxite n’a pas permis un developpement durable réel de la ville de Boké, l’arrêt brutal de la production et du transport avec les nombreux potentiels licenciements plongera de nombreux jeunes dans la précarité.
Le consortium devrait déjà bien communiquer sur cette situation qui fait l’actualité dans toute la ville.
Mosaiqueguinee.com